Double discours.

On l’attendait en piaffant, il est arrivé. Le dernier tome du sentier des astres, Meijo, enfin-bonheur-chouette.
Après quelques temps à essayer de se souvenir de Shakti, et un long jeu de who’s who, on entre de plein pied dans les dits mêlés de la courtisane et du barde, comme on retrouve des chaussures de marche. Le sentier des astres est une œuvre cosmogonique s’il en est, dense, brutale et ambitieuse, qui se parcourt coude à coude avec des personnages profonds en clair obscure.
Protégés de l’hermine et de ses hyènes par le fabuleux peuple teules, la bande à Rana essaye de se sortir de conflits utérins rongeant l’unité et gâtant la recherche de la voix du roi. Le chemin s’annonce rude et le barde, nouveau capitaine de l’expédition aura bien du mal à conserver un semblant de discipline. La courtisane, quant à elle, nous offre par son dit, une visite puissante dans l’héritage, son système politique et sa lutte des classes (elle raconte également son histoire, récit parallèle, qui se déploie et se déploie, si bien qu’à l’unisson du reste des personnages, on en vient à lui demander quel est le point..).
Si la prose est toujours superbe, le mot juste et l’univers bien amené, il y en a trop. « Meijo » a les défauts de ses qualités. Dense, trop dense, j’y ai été autant perdu que les personnages, parfois, cherchant le sens, à me demander si, comme dans l’excellent « chasse royale » (ou cela est fait à dessein) tout cela existait vraiment.
Cela reste de l’excellent ouvrage, malgré ses faiblesses, qui sont bien moindres au regard d’une certaine littérature traduite. C’est beau, c’est effrayant, sombre et tragique. C’est un « dit » et c’est finalement ce qu’on aime, qu’on nous raconte des histoires.