Francis naît dans le Faubourg à m'lasse dans les années 70. Son monde se borne aux contours du Centre-Sud de Montréal, quartier populaire où se côtoient plex d’ouvriers et usines en tous genres sous l'ombre du Pont Jacques-Cartier. Ce quartier, il rêve de le quitter, et alors qu’enfant il grimpe dans un wagon pour accomplir enfin ses impératifs de fuite, comme les bonhommes de ses dessins animés, voilà Frigo qui grimpe à son tour pour s'effouarer sur les sacs de farine à ses côtés. De là, Frigo, le robineux le plus connu du Centre-Sud, le mythe du Faubourg, la légende du Bas de la ville, va guider Francis dans les méandres de ses souvenirs du quartier et de sa famille, à travers les âges et les époques.
Ce qui frappe d'abord quand on lit Mélasse de fantaisie, c'est la langue de son auteur à la fois fleurie et lyrique, crue et viscérale. On pourrait le lire des heures, Francis Ouellette, pour son joual poétique, son sens de l'image et du style. Les personnages qu'il nous raconte sont tous faits de la matière des légendes ; Frigo, Chantale Choquette, Ti-criss, Raymonde, Mike et les autres, sous sa plume leurs vies deviennent épiques, leurs histoires mythiques. Il nous promène dans les rues du Faubourg avec son guide, Frigo, sorte de fantôme des Noëls passés. L’auteur rend ainsi un vibrant hommage à cet homme, considéré par beaucoup comme l’âme du Centre-Sud dans les années de sa jeunesse.
Mélasse de fantaisie, enfin, est un premier roman d'une grande puissance, plein de vie et d’émotions qui vous donnent les larmes aux yeux de joie et de révolte. Et on en aurait bien pris 200 pages de plus.
"Frigo. Tout le Centre-Sud connaissait Frigo et comme le Centre-Sud était le monde, le monde entier le connaissait."