Ce qui m'impressionne avec Jaworski, c'est sa capacité à se mettre dans son personnage, et à mépriser le lecteur ce qu'il faut pour qu'on soit piqué au vif. Bien sûr, la prose est tordue à ce profit, mais je ne serais pas le premier à vanter la plume de ce géant de la fantasy française.
Cette œuvre ne fait pas défaut à cette habitude. Au lieu de créer un univers de toute pièce, il a préféré se renseigner sur une époque tellement peu étudiée qu'on la croirait directement sortie de nos légendes.
"Même pas mort" se passe chez nos chers ancêtres les gaulois. Aussi appelés Bituriges, Turons ou Sequane, mais qui le sait, aujourd'hui, que Nîmes s'appelait Nemessos et Lyon Lugdunum ? Alors autant réexplorer ces contrées oubliées. Ce que fait magnifiquement l'auteur dans ce premier tome.
Son génie réside pour moi dans le fait qu'il réussisse à rendre l'univers tellement brumeux que les personnages en viennent à considérer leurs rêves comme réalité. Et de là, qui sait ce qui est de la magie ou du fantasme ?
Jaworski laisse au lecteur le choix : est ce que ce que croient vivre mes héros superstitieux et archaïques est réel ou est ce qu'il y a une explication rationnelle à tout ça ? Toujours est-il que les héros continuent leur épopée, bourrées de légendes, de traditions, et de charme. On se prend à la beauté de l'interprétation rustre, et on se laisse porter.
Énorme coup de cœur pour l'île des Vieilles. J'ai rarement vu le folkore celtique dans sa plus aride crudité.