En voilà un livre interressant qui se lit vite.
Séparé en 3 catégories : Scorsese intime, Scorsese cinéphile et Scorsese au travail.
Tout simplement.
Scorsese intime : on y apprend plein d'anecdotes savoureuses comme la santé plus que fragile d'un Scorsese qui avait de l'asthme, qui a sombré dans la drogue, qui n'arrivait plus à rien, ami de De Palma et Robert de Niro (son grand ami de toujours et qui l'a également sauvé de cette descente aux enfers en lui proposant de revenir au charbon ), parmis les nouveaux gars du Nouvel Hollywood.
Scorsese cinéphile : ma partie préférée, Marty est un puits de connaissance aussi cinévore qu'un Tarantino. Il fait dire son père l'amenait souvent au cinéma voir tout un tas de classiques. On sent l'homme passionné qui est tombé dans la marmite étant petit. Scorsese a pu s'enrichir de la culture cinématographique à la fois européenne (Nouvelle vague) et classique américaine (Années 40, 50, 60 principalement).
Cette section est un festival de titres et de connaissances, notamment sur un réalisateur brésilien que j'ai découvert. Merci Marty ! C'est également un plaisir de découvrir un réalisateur toujours humble et modeste dans ses propos n'hésitant pas à rendre hommage à ses nombreux maîtres parmis Cassavetes, Walsh, Ford, Welles, Hitchcock, Samuel Fuller, et j'en passe comme le fantastique Saul Bass.
Scorsese au travail : idéal pour se rappeler ô combien à côté d'être grand réalisateurr et mélomane, Marty est un monteur de grand talent en narrant ses histoires de mafieux , de gangsters, de chauffeur de taxi déprimé, de petits truands, d'hommes en rédemption, de boxeurs déchus , d'aristocrates new yorkais, de faits historiques comme l'invasion du Tibet... de façon tourbillonnante, enivrante et d'une rare exigeance.
Martin Scorsese c'est avant tout une science du montage et de la narration.
Il suffit de voir Les Affranchis, Ragging Bull ou encore Casino qui demeurent des modèles du genre dans le cinéma. Pour la plupart dépassant les 2h15 de film on ne s'ennuie pas une seconde ou alors faut être de mauvaise foi.
Il y aura également une interview intéressante avec sa monteuse officielle et une interview avec un écrivain qui se rapporte surtout à la connexion entre l'histoire avec un grand H, et comment la matérialiser dans un roman ou un film. Faut il être académique ou plutôt apporter sa touche personnelle dans une narration plus narrative ?
Pour le Temps de l'innocence par exemple, Marty s'est beaucoup documenté pour apporter un maximum de véracité et en même temps ne pas paraître académique dans son déroulement, car il avait une aversion pour la forme théâtrale et les récits découpés en actes. C'était avant tout une personne plus intéressée par l'histoire des personnages plus que l'Histoire en fond (bien que dans Casino ça peut parfois être un quasi documentaire).
Ainsi on aura souvent une structure non linéaire chez lui plutôt que conventionnelle et académique.
Pour conclure ce petit livre est essentiel pour se rappeler des anecdotes de cinéma, pour se cultiver , pour rire ou pleurer avec Marty qui reste parmis les derniers géants du cinéma encore en vie. Vraiment ça doit être un pur plaisir de parler cinéma avec cet homme passionné. On sent qu'il ne fait pas ça pour l'argent.
Longue vie à lui avec encore des chefs d'oeuvres en préparation ..on espère...