Dieu que c'est vilain comme petit livre ! Méchant méchant méchant ! Et, partant, tellement jouissif ! Je ne connaissais de Thomas Bernhard que son théâtre (oui, c'est un comble, mais je suis modérément calée en littérature allemande. Bon, ok, soyons honnête, je n'y connais rien en littérature allemande. D'ailleurs si vous voulez me conseiller des titres je suis preneuse comme d'hab) et ce petit opuscule publié vingt ans après sa mort me donne sérieusement envie de lire sa prose.

Qu'est-ce que ça raconte, me demanderez-vous. C'est simple, Thomas Bernhard déteste à peu près autant les prix littéraires que moi, mais lui il en reçoit. Et il raconte chaque remise de prix avec un venin qui m'a fait frétiller les doigts de pieds. Si on résume, il ne les accepte que pour l'argent, il a le sentiment de se dégrader à être lauréat... mais bon, il les accepte, parce qu'on ne refuse pas de l'argent, même s'il vient d'un État qu'on abhorre.

J'ai un problème personnel avec les prix littéraires, il me semble en avoir déjà parlé dans ces pages : je ne les supporte plus, ne leur fais aucune confiance, les regarde de haut ... prix de lecteurs, prix de lauréats, prix d'auteurs, prix de libraires ... aucun ne trouve grâce à mes yeux, sauf éventuellement les prix de lycéens puisqu'ayant fait partie d'un jury il y a longtemps je me souviens non seulement de la fierté des élèves mais aussi des discussions qui avaient amené le choix, discussions qui portaient sur les textes et pas sur les activités nocturnes des auteurs. Je ne peux donc que suivre Thomas Bernhard dans ses vaticinations et ses opinions sur les jury (enfin, je serais probablement un poil moins brutale, je traite rarement les gens de trous du c*** alors que lui, si). De plus, on retrouve dans ces quelques pages (le texte est court, une grosse centaine de pages) l'écriture extraordinaire de cet auteur malheureusement méconnu, une prose précise et très évocatrice. Franchement, un vrai plaisir. Et lire ça après les Lettres à la N.R.F. c'est un doublé gagnant ! D'ailleurs il paraît à la rentrée en Folio, c'est un signe !
Ninaintherain
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le 28 mars 2012

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