Ventre-saint-gris, en v'là un bon bouquin !
Mesdemoiselles de la vengeance a été une surprise vraiment très agréable. (Presque) tout y est bien ficelé, tient la route, fait plaisir à lire : tout d'abord, le livre est très bien écrit, et Thinard a vraiment su trouver son style. Les dialogues sont savoureux, chaque personnages ayant une manière bien à lui de s'exprimer, depuis le Commodore au phrasé très "piratien" jusqu'à Olympe la baronne qui a un langage très châtié, en passant par Sylvine la paysanne et Agathe le garçon-manqué, élevé dans les rues de La Rochelle.
Au delà du style, c'est encore l'histoire qui remporte la palme : les personnages sont géniales (et géniaux si on considère les personnages secondaires), ont toutes une histoire et une personnalité bien à elles, bien définies. Elles sont fortes, indépendantes, et n'ont pas peur de se venger d'un homme qui les a fait souffrir. Même Olympe, qui pourrait passer de prime abord pour une greluche niaiseuse, se révèle une baronne très éduquée, capable de tenir son rang et jouer de ses charmes pour se sortir des mauvaises situations. Mention spéciale à Agathe, maître d'arme habillée comme un homme, qui refuse le mariage et choisit de travailler pour gagner sa vie d'elle-même.
Alors pourquoi mettre ce bouquin entre les mains des jeunes filles (et des jeunes garçons) ? Pour son style, pour ses personnages, et surtout, surtout, pour le message d'indépendance et d'éducation qu'il y a derrière : les femmes qui nous sont données à lire sont fortes, éduquées, intelligentes, mais elles offrent aussi une belle diversité. Exit les poupées blanches et minces à la chaîne : ici, Nagîna est noire et voilée (autant pour cacher son visage défiguré que par tradition), Sylvine est une paysanne bien en chair aux mains abîmées par le travail et la cuisine, Agathe est musclée et n'a pas de mal à se faire passer pour un homme... Et ça fait du bien de lire un livre qui sait surprendre comme ça, en apportant un message féministe qui ne fera de mal à personne.
Attention quand même à l'âge des lecteurs (la suite de ce paragraphe est un gros spoiler) : le bouquin est classé en jeunesse mais je doute qu'il convienne à des moins de 14 ans ou 15 ans. Même si un peu détourné, le thème du viol y est abordé assez clairement, notamment à travers les menaces du Commodore contre Olympe. Il y a aussi une violence très explicite dans le livre : décapitations, tortures (non décrites mais on voit les résultats), les punitions des pirates "tire-au-flanc" (dont une implique un chaudron de poix brûlante et un visage), et la mort très très trash du Commodore à la fin, avec sa tête qui explose entre deux cales de bâteaux et les bouts de cervelle qui volent jusqu'au pont... Personnellement, je l'aurais lu à 10 ans, j'en aurais pleuré toute la nuit. "Pour la jeunesse", mais pas trop quand même.
Alors pourquoi ne pas avoir mis 10, si je l'ai tant aimé ? Parce que malgré tout, le livre n'échappe pas à quelques défauts. Primo, les héroïnes auraient pu assassiner le Commodore dès les premiers chapitres et s'enfuir par les tunnels de la grotte où elles se cachaient. Certes, il n'y aurait pas eu d'histoire, mais c'est pour moi un défaut du scénario assez gros. Deuzio, il reste quelques clichés et infantillismes (le super-cheval de Nagîna, le gentil-mais-un-peu-con baudet Bézène, l'amûûûûûr fou entre Olympe et Pons qui ne se sont j-a-m-a-i-s vus...) qui font sourire mais sont un peu trop gros. Un petit bémol sur la fin aussi, où tout le monde est beau et gentil, Olympe enceinte au bout de trois jours et la citation de l'Ecole des femmes qui qu'est-ce-que-putain-de-quoi pourquoi c'est là ?
Donc en somme un très très très très chouette livre, voilà !
Au delà du style, c'est encore l'histoire qui remporte la palme : les personnages sont géniales (et géniaux si on considère les personnages secondaires), ont toutes une histoire et une personnalité bien à elles, bien définies. Elles sont fortes, indépendantes, et n'ont pas peur de se venger d'un homme qui les a fait souffrir. Même Olympe, qui pourrait passer de prime abord pour une greluche niaiseuse, se révèle une baronne très éduquée, capable de tenir son rang et jouer de ses charmes pour se sortir des mauvaises situations. Mention spéciale à Agathe, maître d'arme habillée comme un homme, qui refuse le mariage et choisit de travailler pour gagner sa vie d'elle-même.
Alors pourquoi mettre ce bouquin entre les mains des jeunes filles (et des jeunes garçons) ? Pour son style, pour ses personnages, et surtout, surtout, pour le message d'indépendance et d'éducation qu'il y a derrière : les femmes qui nous sont données à lire sont fortes, éduquées, intelligentes, mais elles offrent aussi une belle diversité. Exit les poupées blanches et minces à la chaîne : ici, Nagîna est noire et voilée (autant pour cacher son visage défiguré que par tradition), Sylvine est une paysanne bien en chair aux mains abîmées par le travail et la cuisine, Agathe est musclée et n'a pas de mal à se faire passer pour un homme... Et ça fait du bien de lire un livre qui sait surprendre comme ça, en apportant un message féministe qui ne fera de mal à personne.
Attention quand même à l'âge des lecteurs (la suite de ce paragraphe est un gros spoiler) : le bouquin est classé en jeunesse mais je doute qu'il convienne à des moins de 14 ans ou 15 ans. Même si un peu détourné, le thème du viol y est abordé assez clairement, notamment à travers les menaces du Commodore contre Olympe. Il y a aussi une violence très explicite dans le livre : décapitations, tortures (non décrites mais on voit les résultats), les punitions des pirates "tire-au-flanc" (dont une implique un chaudron de poix brûlante et un visage), et la mort très très trash du Commodore à la fin, avec sa tête qui explose entre deux cales de bâteaux et les bouts de cervelle qui volent jusqu'au pont... Personnellement, je l'aurais lu à 10 ans, j'en aurais pleuré toute la nuit. "Pour la jeunesse", mais pas trop quand même.
Alors pourquoi ne pas avoir mis 10, si je l'ai tant aimé ? Parce que malgré tout, le livre n'échappe pas à quelques défauts. Primo, les héroïnes auraient pu assassiner le Commodore dès les premiers chapitres et s'enfuir par les tunnels de la grotte où elles se cachaient. Certes, il n'y aurait pas eu d'histoire, mais c'est pour moi un défaut du scénario assez gros. Deuzio, il reste quelques clichés et infantillismes (le super-cheval de Nagîna, le gentil-mais-un-peu-con baudet Bézène, l'amûûûûûr fou entre Olympe et Pons qui ne se sont j-a-m-a-i-s vus...) qui font sourire mais sont un peu trop gros. Un petit bémol sur la fin aussi, où tout le monde est beau et gentil, Olympe enceinte au bout de trois jours et la citation de l'Ecole des femmes qui qu'est-ce-que-putain-de-quoi pourquoi c'est là ?
Donc en somme un très très très très chouette livre, voilà !
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le 24 sept. 2014
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