Je me permets, avant d'entamer mon retour sur ce recueil de Allan Poe, d'offrir une rapide préface générale et globale à l'œuvre du poète de Baltimore, et qui fera office d'incipit à l'entièreté de mes avis sur chaque nouvelle.
"Parmi les auteurs de la littérature fantastique dont il faut avoir lu au moins un écrit dans son existence, Allan Poe en est un bien singulier. Sa plume, influencée par les récits gothiques digne de Hoffman ou de Irving, aura délivré son lot de perles rares... comme d'écrits parfois lunaires.
Mais s'il faut bien reconnaître une qualité au Poète de Baltimore, c'est qu'il a toujours su concevoir des ambiances sans aucuns équivalents, avec moults détails horrifiques et baroques qui en font les pierres de ses univers.
De par ses incursions littéraires via des essais, des poèmes, des contes et surtout des nouvelles, Allan Poe s'illustre comme l'un des grands noms de la littérature fantastique ainsi que comme une figure majeure du romantisme littéraire.
En avant-gardiste qu'il était, il aura ainsi préfiguré au roman d'aventure avec ses aventures d'Arthur Gordon Pym, qui ne manqueront pas d'inspirer Robert Louis Stevenson pour son Île Au Trésor, ou même encore avec son détective mentaliste Auguste Dupin, bien avant l'arrivée d'un certain Sherlock Holmes...
Traduit par Baudelaire dans nos vertes contrées, le succès de l'auteur aura été une succession de haut et de bas : tantôt plébiscité pour ses succès comme Le Corbeau, mais aussi tantôt critiqué pour sa prose novatrice qui aura fait rugir l'académisme américain.
Malgré tout, Edgar Allan Poe s'illustre comme une source d'inspiration inépuisable pour des auteurs majeurs, tels que H.P Lovecraft ou bien encore Stephen King, et l'ambiance unique de ses récits, allant d'une famille en pleine décadence dans La Chute de la Maison Usher jusqu'à une sombre mélancolie amoureuse dans son sublime Ligeia, auront su marquer les esprits de plusieurs générations."
En tant que tout premier récit publié de Allan Poe, Metzengerstein, paru en 1832, préfigure la majorité des thématiques chères à l'auteur et, dans la pure tradition des récits gothiques, y joint une ambiance horrifique propre au genre : un manoir où s'y étreint ,dans une morne solitude, un jeune baron avec la folie de ses actes barbares et un mystérieux cheval enflammé...
Depuis des siècles les familles Berlifitzing et Metzengerstein étaient en désaccord. Jamais encore de si illustres maisons n'avaient entretenu des rapports d'une hostilité aussi implacable. L'origine de cette inimitié paraît résider dans les termes d'une ancienne prophétie : "Un noble nom connaîtra une effroyable fin lorsque, semblable au cavalier chutant de sa monture, la mortalité des Metzengerstein triomphera de l'immortalité des Berlifitzing."
Empreint de mercerisme et de métempsycose, cette nouvelle est l'entrée dans l'univers de Poe la plus marquante si l'on désire connaître les thèmes récurrents de son œuvre.