Aïe aïe aïe
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Ouvrir un Pierre Lemaître, c’est se fermer au temps qui passe, oublier les aiguilles qui depuis longtemps ne tictacquent plus sur nos horloges numériques pour se re plonger dans le passé et revivre le temps d’avant, celui où se maillaient les compagnonnages, les coups de sang, d’ardeur, de patriotisme revendiqués ou de lâchetés parfois bien trop rémunérées, les secrets de famille qui étaient de Polichinelle pour les uns, cadenas ou caveaux pour les autres.
Dans ce dernier opus, l’auteur, une nouvelle fois, mélange le vrai ‘historique’ avec l’inventé qui sonne tout aussi juste. Ses personnages ont tous pu exister. Leurs qualités, leurs défauts étaient ceux des lambdas de ces temps agités et sans beaucoup d’espoir. Et pourtant, Pierre Lemaître les fait vivre avec une telle force qu’on croit les avoir connus, qu’ils se mélangent aux souvenirs de nos vieux qui nous contaient ce temps en disant « Vous ne pouvez pas savoir… » ou qui sifflaient entre leurs dents « Vous faudrait une bonne guerre … » devant nos exigences ou notre manque de reconnaissance pour les anciens.
C’est donc avec bonheur qu’on découvre ou retrouve des personnages tels Louise, connue dès Au Revoir Là-Haut, Gabriel et Raoul, M. Jules ou encore Désiré, caméléon, champion toutes catégories quand il faut endosser un nouveau costume. Mais tout ce petit monde est en débandade devant la botte ennemie qui force le pas en cette année 1940. Fuyant devant l’avancée allemande, la France est en exode, ‘un immense cortège funèbre, pensa Louise, devenu l’accablant miroir de nos peines et de nos défaites.’ Pour ce peuple en débâcle où la plupart cependant aspirait à vivre debout, c’est le temps des magouilles, de la débrouille, des forts en gueule, des grands silences. Le temps où chaque jour peut être le dernier ou s’éterniser, chaque année être une source d’espérance en sa bonne fortune ou un gouffre de désespoir.
Et c’est tellement bien écrit, savoureux, empli de tendresse pour les personnages que l’on trouve drôle ce récit d’un temps qui ne l’était pas.
Avec Miroir de nos peines qui complète la trilogie commencée avec Au revoir Là-haut et Couleurs de l’incendie, Pierre Lemaître s’impose, une nouvelle fois, comme la plume suffisamment puissante, aiguisée, drôle et tranchante pour sublimer l’Histoire et ses anecdotes. Il engendre, une fois de plus, un récit romanesque qui ne peut que conquérir les lecteurs. Assurément, Pierre Lemaître mérite une place parmi les grands auteurs.
A noter que, comme Henning Mankell ou Ken Follet, il est aussi habile dans l’écriture de romans de haut vol, de fresques inspirées de l’Histoire que dans l’écriture d’excellents polars qu’on adore lire sous un plaid, au coin du feu lors de nos longues soirées d’hiver ou en tenue plus légère dans nos transats, à la plage, lors des jours langoureux d’été.
Pierre Lemaître, un auteur qu’on ne présente plus mais qu’on redécouvre chaque fois avec beaucoup de plaisir.
Créée
le 6 janv. 2021
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