" Lever. Fait un brin de ménage. Regardé du foot à la télé. Écrit "Candle in the wind". Allé à Londres. Acheté une Rolls-Royce. Reçu Ringo Starr a diner."
Voici le résumé d'une journée type de Sir Elton John dans les années 1970. Décennie fastueuse et mythologique pour tout fan de musique, où l'industrie discographique connaît son âge d'or.
https://www.youtube.com/watch?v=3p_xAToFzck
Originaire de Pinner dans la banlieue nord de Londres, Reginald Dwight grandit au sein d'une famille dysfonctionnelle ( comme beaucoup de stars du rock me direz-vous.) Entre un père distant qui lui transmet son goût pour la musique, et qui finira par quitter la maison, et une mère hystérique capable "de déclencher une embrouille dans une pièce vide.", Il aura bien du mal à affirmer sa personnalité.
Son don pour la musique lui permet de s'extraire d'un climat familial pesant.
Le week-end, il touche ses premiers cachets comme pianiste au pub à côté de chez lui. Son travail consiste à tenter de jouer dans son intégralité "la polka du tonneau de bière" auprès d'un auditoire qui n'en a strictement rien à secouer, plus occupé à se foutre joyeusement sur la tronche qu'à écouter un petit gros à lunettes lui jouer une chanson à boire.
https://www.youtube.com/watch?v=joxyFDmh_LY
Après avoir écumé dans les grandes largeurs les cabarets et les boîtes miteuses du Royaume-Uni il fait la rencontre de Bernie Taupin qui devient son parolier attitré et son ami le plus proche.
https://youtu.be/GlPlfCy1urI
Après quelques essais infructueux le succès arrive enfin en 1970 avec "Your Song". Et le tandem Elton John/Bernie Taupin s'envole pour la Californie. Dans le "Golden State " il est accueilli comme la nouvelle sensation pop de Sa Majesté.
https://youtu.be/yYcyacLRPNs
(Ma préférée, avec un clip magnifique et Marilyn Manson en guest)
Les succès s’enchaînent. Et qui dit succès dit excès, voire addictions.
Reg Dwight, qui a officiellement changé son nom pour celui d'Elton John, les collectionne toutes (et la collectionnite est l'une d'elles.)
On peut citer pêle-mêle le sexe, la cocaïne, la Vodka Martini ,le shopping et la junk food.
La véritable force de ce récit est la sincérité avec laquelle son auteur se livre sur sa vie et sur une carrière qui traverse pas moins de cinq décennies. Le tout sans jamais chercher à se faire plaindre ou à reporter la faute sur quelqu'un ou quelque chose d'autre.
Que ce soit à propos de sa vie sentimentale chaotique, de ses addictions, mais aussi de ses succès ou ses échecs, Sir Elton fait toujours preuve d'un humour dévastateur et d'une bonne dose d'autodérision.
Ainsi, le lecteur se surprendra à se gondoler tout seul dans les transports en commun en lisant un chapitre dans lequel Tonton Elton nous narre l'un de ses pires épisodes dépressifs.
Je ne connaissais pas bien l'œuvre d'Elton John, et ce qui m'a fait acheter ce livre, en bon amateur d'ouvrages sur le monde de la musique, c'était la promesse d'anecdotes bien relevées il faut l'avouer.
Mais n'oublions pas qu'il s'agit également de l'un des artistes les plus importants de ses cinquante dernières années et la lecture de cette ouvrage vous propulsera sous le soleil du Los Angeles des seventies et dans l'ambiance feutrée des studios d'enregistrement de la cité des anges à l'époque du tout analogique.
Vous embarquerez également sur le paquebot France pour sa dernière traversée de l'Atlantique en septembre 1974 durant laquelle sera écrit et composé l'album "Captain Fantastic and the Brown Dirt Cow-boy "
https://youtu.be/Sw2Lptf7K0E
On pourrait ranger cet ouvrage entre "The Dirt " de Mötley Crüe pour la sincérité et la profondeur du propos (oui on peut dire ça de Mötley Crüe.) Et "C'est Chic" de Nile Rodgers pour le souci du détail et le dessin de son époque.
En bref, "Moi Elton John" est un livre sincère et émouvant sur le parcours d'un petit banlieusard mal dans sa peau devenu une icône bariolée et incontournable de la pop. Une belle découverte.
Ps: Petit bonus pour te remercier de m'avoir lu jusqu'au bout..
https://www.youtube.com/watch?v=Ji6qM1-NJ_0&t=111s