Ce livre ne s’adresse pas à moi. Voilà. Du genre « biographie édifiante » (resterait-elle fidèle aux défauts, reçus par la tradition, de son personnage) plus que scientifique, il s’inscrit dans un courant apologétique de défense et illustration du judaïsme au travers de ce que je ne vois pas comment appeler autrement que les légendes mosaïques. La critique historique n’est invoquée que du bout des lèvres quand elle vient contredire la plausibilité des événements, mais se voit plus généreusement évoquée s’il s’agit de confirmer les possibilités d’un récit biblique le plus souvent accepté prima facie comme carnet de voyage des Hébreux, voire texte autographe, la profondeur de la tradition des commentaires ayant ici plus de valeur semble-t-il que les progrès de l’interrogation critique des archives et de la production des textes. Sans compter le mépris des règles de la vraisemblance - au delà de quelques pages un peu plus réussies sur le franchissement de la « Mer Rouge », aucun commentaire critique n’accompagnera par exemple l’âge impossible des protagonistes, et si l’auteur mentionne l’embarras parfois de la tradition, évoquant les difficultés à conjuguer la rigueur de la loi avec les contradictions de sa mise en œuvre - en ce qui concerne le meurtre par exemple - le niveau d’interrogation reste comparable à l’indigence de celui qui me fut brièvement inculqué lorsque je fus confronté jadis au catéchisme qui tenta de me vendre Jézukri.
Bref, un bouquin qu’à me dire en première et épidermique réaction qu’il aurait tout aussi bien pu ne pas être écrit, je préfère penser comme s’adressant à d’autres lecteurs qui, je l’espère, sauraient en tirer autre chose que mon actuel agacement (et je suis là preneur d’autres expériences que la mienne).
Je me défais ici donc d’avoir à en juger plus avant de l’alliage.