Tout est dans le titre de cette critique!
Il s'agit d'une discussion à battons rompus entre deux cinéastes, Kiyoshi Kurosawa (le réalisateur, entre autres de Kaïro, tout de même assez célèbre en nos contrées) et Makoto Shinozaki (dont je n'ai rien vu personnellement).
Les deux évoquent leur cinéma (un peu) mais aussi et surtout les films d'horreur qui les ont les plus influencés.
Pour ceux que ça intéresse, Kiyoshi Kurosawa (qui est tout de même, étant plus connu, davantage dans la position de l'interviewé que de l'intervieweur ici) cite notamment, en ce qui concerne le cinéma japonais, Matango (un film de monstres de Ishirô Honda - le papa de Godzilla - de 1963), ainsi que les multiples adaptations de la célèbre histoire horrifique d'Oiwa (Yotsuya Kaidan), dont une elle aussi célèbre de Nobuo Nakagawa en 1959.
Concernant le cinéma occidental, Kurosawa cite en particulier un film d'exploitation italien de 1960, Le Moulin des supplices, ainsi que le cinéma de Tobe Hooper (à commencer par Massacre à la tronçonneuse de 1974).
Mais tout au long du bouquin, c'est bien plus d'une centaine de films qui sont cités. J'en ai établi une liste ici (encore une fois pour ceux que ça intéresse):
https://mubi.com/fr/lists/kiyoshi-kurosawa-mon-effroyable-histoire-du-cinema
Bien entendu, les deux compères cinéastes ne proposent pas, hormis dans un nombre réduit de cas, des analyses approfondis, se contentant la plupart du temps de donner leur avis (quand ils en ont un : parfois leurs souvenirs sont flous - normal - ou bien ils se conseillent entre eux des films, tout simplement).
Pour les fans de K. Kurosawa, le livre peut être un peu décevant sans doute dans la mesure où l'on en apprendra pas des masses sur son cinéma à proprement parler, au-delà donc de ses admirations et de ses influences cinématographiques en matière d'horreur. Il admet sa dette à la "doctrine Konaka", mais juste en l'évoquant (on en apprendra bien plus à ce sujet à travers l'excellent livre de Stéphane du Mesnildot sur la J-Horror!) ; il expose aussi son obsession pour les mécanismes horrifiques rendant la mort inéluctable (!), et disserte également sur la capacité propre au cinéma de filmer le passage de vie à trépas (!!) ; il y a également un passage intéressant sur la matérialité voulu des fantômes dans ses films, et sur l'importance des longs plans-séquences pour ancrer cette présence de façon indiscutable dans l'imaginaire du spectateur.
Une lecture plaisante donc, comme si on s’immisçait dans une discussion enflammée entre deux potes dissertant sur leur sujet préféré, et assez pointu (si vous cherchez des films à regarder, avec la liste que vous fournit le livre, vous en avez pour quelques années avant d'en voir le bout!) ; néanmoins, le tout s'adresse assez évidemment avant tout aux gens familiers de la J-Horror, et intéressés par les créateurs et acteurs de ce mouvement du cinéma horrifique et/ou aux gros fans de films d'horreur qui pourront venir y comparer leurs goûts à ceux de ces deux cinéastes.
Pour les autres, il ne s'agit peut-être pas d'une lecture indispensable. En tout cas, bravo aux éditions Rouge Profond de rendre ce genre de lectures disponibles en France!