Oeuvre mineure

J'ai beaucoup lu les romans de Monsieur Bruckner ces vingt dernières années. Certains ont gravé en moi des scènes d'une grande beauté poétique. Je pense à un roman dont j'ai oublié le nom mais que j'avais adoré (le Coeur de Paris au sens propre et le métro de la capitale qui telle une chenille se transforme en papillon). Les scènes pseudo érotiques mais très dérangeantes avec les jeux à base d' excréments et d 'urine de Lune de fiel qui à défaut d'être émoustillantes sont marquantes. Et que dire des Voleurs de Beauté, des Ogre Anonymes, du Divin enfant, qui ont tous une place de choix dans ma bibliothèque ? J'ai également quelques uns de ses essais mais que je me réserve pour un jour prochain. Bref l'écrivain philisophe est un auteur que j'affectionne particulièrement.
En m'attaquant à Mon petit mari (edition France Loisirs coll. Piment/ a priori livre pour fille ?) je ne savais pas à quoi m'attendre de précis, mais pas à un livre si peu consistant en terme de message philosophique. Si vous avez vu le film Chéri j'ai rétrécie les gosses vous n'apprendrez guère plus sur la vie de cet homme minuscule. Il y a certes la réflexion relative au rapport aux autres par contraste avec son apparence pure. La raison de ce rétrécissement est intéressante également et plutôt bien amenée. La morale de l'histoire n'est pas banale non plus. Par contre le rôle de la Femme et d'épouse en prend ici un sacré coup me semble-t-il. Tour à tour aimante, libidineuse et involontaire cause des malheurs de monsieur son époux, puis infantilisante par palliers successifs, cheftaine autoritaine puis par dépit adultaire, complice de tentative d'homicide, enfin menteuse et clairement mauvaise comme cela finalement se traduit dans son aspect physique. L'auteur se fait goujat.
L'ensemble n'est pas pas désagréable ou mauvais pour autant mais j'ai senti Bruckner chercher où il voulait en venir avec ses personnages. Ce n'est pas une tare en soi mais ici cela se remarque trop à mon goût.
Par contre ce livre court donne matière à graver de belles images. Je pense en particulier à la confection de son habitat clandestin dans la bibliothèque de l'appartement familial où figurent des classiques de la littérature mondiale.