Monstres, démons et merveilles à la fin du Moyen Age par Kliban
Livre lu dans sa première édition de 1980. La couverture de chez Payot était verte. Le livre était fort cher pour mes moyens d'étudiant d'alors. Je l'ai lu en bibliothèque, avec émerveillement - la découverte des sciapodes m'a marqué d'un nom et d'un émerveillement qu'il ait existé un temps où telle imagination n'était ni vulgaire, ni puérile. Je l'ai longtemps vu sur les rayons des librairies, un seul exemplaire, le plus souvent - c'est que le bouquin est érudit, après tout. Puis il disparut des années durant. Pour être réédité il y a dix ans sous son actuelle couverture bordeaux.
L'ouvrage, très richement illustré, parcoure cette tranche d'imaginaire qui va du XIVè au XVIè siècle en gros, et dont le sujet est la contrée lointaine, le monstre qui l'habite. Et le monstre est son fond : pourquoi des monstres, après tout, quelle fonction occupent-ils dans l'économie de notre imaginaire ? L'ouvrage se conclut sur un essai d'interprétation générale, dont je ne puis dire encore (je viens d'en recommencer la lecture) si elle est datée ou non. En revanche, les pages sur la typologie des monstres, les économies visuelles et narratives de leur constitution (après tout, un monstre, c'est construit avec quoi ?), si riches dans la période illustrée (qui recouvre celle où ont vécus un Jérôme Bosch et un Bruegel) gardent, dans ma mémoire déjà ancienne, la saveur des grands moments de lecture.
Le sujet est traité avec érudition et forces notes de bas de page - qu'on peut assurément ne pas lire. Et 358 p. de ce format là prennent un certain temps à parcourir, fussent-elles entrecoupées de très nombreuses illustrations.A réserver aux patients et aux amateurs de longs essais fouillés - ou aux patients.