Carl Aderhold nous livre, pour son premier roman, une oeuvre fort prometteuse.
Le titre et le résumé se veulent accrocheurs, et l'on se plonge aisément dans cet ouvrage très bien réalisé : malgré quelques lourdeurs passagères, l'auteur fait preuve d'un style complexe et maîtrisé.
Passé une première partie où le protagoniste s'évertue à zigouiller d'innocents animaux, ce qui fera grincer des dents les plus peta-istes d'entre vous, l'on éprouve un certain plaisir à se voir conter la mort de tous ces cons que rencontre le protagoniste. Ils sont souvent si vrais qu'ils ne manquent pas de nous rappeler nos pires rencontres, et c'est un peu comme si l'auteur nous vengeait de façon fictive.
Cependant, dans la longueur, l'auteur finit par expédier certains meurtres, sans nous présenter les causes ni les raisons justifiant ces mises à morts, et l'on en vient à se demander pourquoi le protagoniste tue telle ou telle personne. Deux hypothèses se posent alors : soit l'auteur a simplement passé les explications nécessaires à la justification du meurtre, ce qui est fort dommage, soit on doit y voir le fait que le protagoniste a finalement prit pour habitude de tuer à tour de bras sans trop de raison valable, par habitude, ce qui aurait le mérite d'avoir du sens.
Ainsi, la liste de victimes s'allonge, sans que jamais le protagoniste ne soit ennuyé par la justice, et, malgré quelques tentatives de justification de la part de l'auteur, on en vient à trouver cela trop facile. Le personnage tue à tour de bras sans jamais être soupçonné, et son action perd ainsi en crédibilité. Car, évidemment, dans la vraie vie, on ne tue pas impunément de façon aussi simple !
Vient alors la dernière partie de l'ouvrage, le sprint final. Un personnage secondaire (au demeurant fort attachant) en vient à réaliser une action stupide, et l'on ne peut que se dire "mais qu'il est con, il savait bien qu'il allait se faire tuer!". Et là, la fin du roman arrive, brutale, et nous laissant quelque peu sur notre faim: et après? Que se passe-t-il? Qu'arrive-t-il au protagoniste après cela? Sera-t-il arrêté? Oui, non?
Si j'avais pu donner un conseil à l'auteur, je lui aurait suggéré de pousser le protagoniste au suicide. Ainsi, non seulement cela aurait mit un terme définitif à son histoire, afin que l'on ne puisse nous questionner sur la suite, mais cela aurait également pu apporter un tout autre sens à cette fin : le protagoniste, se rendant finalement compte qu'il n'est lui même qu'un con, intolérant, égoiste et lâche, devrait finalement accepter de mener son combat jusqu'au bout en mettant à mort le con qu'il est lui-même devenu.
Malgré ces quelques déceptions, je dois dire que je me suis bien plus attaché ici aux cotés négatifs du roman qu'à ses qualités. Mort aux cons reste une oeuvre très agréable à lire, dont je vous conseille l'acquisition !