Du grand Minier à vous glacer à nouveau le sang

Ce troisième opus de l'auteur nous fait retrouver le style littéraire et poétique de Glacé, lequel s'était émoussé dans Le Cercle. L'intrigue est introduite d'emblée et ne perdra pas son rythme effréné. Tout démarre par une simple lettre et la complexité des mobiles possibles de son expéditeur n'en sera que croissante. Car une fois de plus, Bernard Minier nous montre son incroyable talent à décrire avec minutie deux trajectoires de vie qui vont se rejoindre dans une communauté d'intérêts. Cette force des destins croisés déjà mise en exergue dans Glacé, refait son retour ici avec beaucoup de subtilités. En effet, le personnage de Christine est ausculté jusqu'aux traumatismes de l'enfance et celui du commandant Servaz continue à prendre un relief de plus en plus humain, bien au-delà des frontières de la fiction. Une telle descente dans les profondeurs de l'âme est très appréciable dans ce thriller psychologique, dont le dénouement nous échappe sans cesse. Pourtant tous les indices nous sont donnés par l'auteur, ce qui rend l'enquête du lecteur encore plus poignante et plausible.
Par ailleurs, il semble y avoir dans ce roman à la fois des relents de Millenium II pour ce qui est du hacking et du traitement du meurtre, et à la fois du Karine Giebel pour ce qui traite de la relation d'emprise. Références volontaires ou non, ces ingrédients forment un tout génial et original, réaliste et documenté, dont les dernières pages sont une invitation à cultiver la dépendance dans de prochaines lectures de Minier.