Nana
7.4
Nana

livre de Émile Zola (1880)

Les Rougon épisode 9 - Erotisme ennuyeux

Dans ce roman où réapparait Nana, la revêche fille de Gervaise, qui s'était enfuie avant que le drame ne se dénoue pour sa mère, on se retrouve à Paris pour voir comment elle va s'en sortir.


Le cadre


On l'a compris, à chaque roman, Zola nous emmène dans une classe sociale différente, et tourne entre grosso modo, 4 lieux : Paris, la région parisienne, Plassans (Aix-en-Provence) et la campagne provençale, pour le moment. Là, c'est plutôt Paris, avec quelques escapades aux alentours. Quant à la classe sociale, c'est grosso modo la bourgeoisie mâle mariée qui va se divertir auprès des femmes qu'on appelait de petite vertu. Alors, que si on y réfléchit bien, ce sont plutôt les hommes qui vont voir ces femmes, qui sont de petite vertu. Si toutefois l'on voulait y donner une leçon de morale. Et Zola n'est pas là pour s'en priver. Il fait la morale du XIXème siècle.


L'érotisme


Plus que jamais, l'auteur met de l'érotisme dans son roman. Mais c'est un érotisme descriptif. Il s'en veut complètement détaché : évidemment, il fait du naturalisme. Cet érotisme a généré un ennui profond à mes yeux. Est-ce que je regarde ces scènes avec un biais anachronique, dans le sens où pour l'époque, c'était quand même sans doute un peu chaud ? Peut-être, mais je ne crois pas. Dans l'Assommoir, le meilleur ouvrage de la série jusque lors, les choses sont dites de façon crue, avec un parler populaire. Evidemment, on y parle peu de sexe, donc c'est sans doute plus simple. Dans Nana, l'érotisme est très édulcoré, et comme Zola s'en veut détaché (ce que je ne crois pas, tellement il se complait dans ces scènes qui s'arrêtent en haut et en base de la culotte), il n'y a pas d'excitation.


Quelle dénonciation ?


Mais en réalité, l'absence d'excitation est peut-être la bienvenue, car de fait, Zola, bien qu'un poil complaisant, nous expose quelque chose (qui reste sans doute en partie valable aujourd'hui) : l'hypocrisie du mariage bourgeois qui ne vise qu'à préserver et transmettre un patrimoine, la domination patriarcale ou il n'est pas mal vu pour un homme d'aller "aux putes", et il est mal vu d'en être une (c'est encore et toujours la femme qui détourne l'homme de son devoir), et enfin, la démonstration qu'une femme qui cherche son indépendance n'a à l'époque pas beaucoup d'autre choix que de vendre ses charmes et donc troque une indépendance contre une dépendance vis-à-vis des mâles.


Le problème de ce roman, à mes yeux, c'est la façon dont Zola traite cet érotisme, un peu voyeur, mais de loin, un peu hypocrite lui-même ? Et du coup, beaucoup d'ennui, de descriptions répétitives qui m'ont un peu perdu. Et puis fidèle à une certaine misanthropie, il rend peu de ses personnages sympathiques. En tout cas, pas Nana, certes une femme forte, mais qu'on n'a pas envie d'aimer, et qui reste victime de l'héritage génétique, culturel, familial de sa mère. Mais à quoi s'accrocher ? A Satin ? Ce personnage est trop secondaire pour que cela puisse suffire.





John-Peltier
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le 11 nov. 2023

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