Mon avis : Dès les premières pages, nous voici partis pour La Réunion, avec ses paysages idylliques et la mer à perte de vue. Très rapidement, les choses se mettent en place, et le lecteur ne sait que penser : ce père de famille traqué est-il le coupable ou la victime ? Qu’est-ce qui aurait pu pousser Martial à mettre fin aux jours de son épouse ? Pourquoi prendre la fuite en emportant avec lui une enfant, la mettant constamment en danger ? Et s’il est innocent, qui aurait pu perpétrer un tel meurtre, et pour quel mobile ? Par ailleurs, cet homme semble avoir un lourd passé contenant quelques secrets… C’est ce sur quoi vont enquêter Aja et Christos, deux policiers réunionnais qui vont voir plusieurs assassinats se succéder sur leur île. Soleil, sang, plage et chasse à l’homme seront les maîtres mots de ce récit, qui a un petit plus non négligeable : cette intrigue policière aux multiples rebondissements nous propose un merveilleux voyage dans cette île du sud-ouest de l’océan Indien.
Les protagonistes nés sous la plume de l’auteur ont tous quelque chose les caractérisant. Pour n’évoquer que les piliers de l’histoire, il y a bien sûr Martial. Ce père de famille qui embarque sa fille dans sa course folle contre la police est un personnage assez ambigu, et Michel Bussi le rend tantôt attachant, tantôt abject. Il est assez difficile de se faire une opinion tranchée sur lui avant de connaître le fin mot de l’histoire, et nous nous poserons une question tout au long du livre : criminel ou victime ? Il a également une relation assez particulière avec sa fille, qui ne semble pas toujours très à l’aise en présence de son papa. La jeune enfant s’interroge elle aussi sur la culpabilité de Martial : a-t-il assassiné sa maman ? Même si on sent qu’elle aime profondément son père, certains passages nous montrent qu’elle en a peur, de lui comme de ses réactions. En parallèle, nous suivrons Christos et Aja, les policiers persuadés que Martial a tué son épouse, car tout converge en ce sens, même s’ils n’ont pas encore mis la main sur le corps. Aja est une femme au caractère bien trempé ; quant à Christos, derrière son air quelque peu bourru et macho, se cache un homme au grand cœur.
L’écriture de Michel Bussi est un régal de la première à la dernière page. Il parvient à maintenir le suspense, donnant des éléments au lecteur pour l’orienter vers une piste, pour finalement le faire aller dans une tout autre direction. Il distille des indices au fur et à mesure, tout en nous entraînant dans cette île regorgeant de particularités. D’ailleurs, pour nous immerger davantage dans cette région du monde, l’auteur sème quelques mots utilisés par les natifs de La Réunion çà et là. Mais point trop n’en faut, il n’en surcharge absolument pas le récit, et cela donne de la couleur à son roman. Les chapitres assez courts offrent un certain rythme à l’intrigue, celle-ci ne s’essoufflant jamais. Ceux-ci se focalisent d’ailleurs tantôt sur Martial, tantôt sur les forces de police, et il donne parfois la parole à Josapha. Ce procédé visant à laisser s’exprimer une enfant qui ignore si elle a affaire à un père criminel ou innocent apporte beaucoup d’émotion au récit. J’ai trouvé Ne lâche pas ma main absolument parfait ; il a su m’embarquer de la première à la dernière page, et je peux affirmer que ce fut sans conteste un coup de cœur !
À recommander : À tous ceux qui voudront lire un excellent roman policier qui, en prime, les fera voyager jusqu’à La Réunion.
Une citation : « C’est de là que naissent toutes les haines du monde, lieutenant, toutes les guerres, il nous faut trouver des coupables, toujours, à tous les malheurs de l’univers. Même quand il n’y en a pas, notre esprit les invente. » (p. 344)
Ma chronique : https://loasislivresque.com/2016/09/05/ne-lache-pas-ma-main-michel-bussi/