"Parce que tu es une fille..."
Sur le point de m'attaquer au célèbre "Deuxième Sexe" de Simone de Beauvoir, je tombe au rayon féminisme sur cet essai de Gisèle Halimi. Je l'avoue, totalement inconnue à mes yeux.
Mais le résumé, le volume abordable (comparé à plus d'un millier de pages pour le Deuxième Sexe), ainsi que l'écriture accessible de l'auteur ont fini par me convaincre de débuter par cet essai, avant de me lancer dans le pavé du Castor. Voilà ce que j'en ai retenu :
Tout d'abord, les points négatifs. Parce que oui, "Ne vous résignez jamais" n'est pas parfait.
Les trois premiers chapitres par exemple, me semblent tout à fait inutiles et ont failli me décourager à poursuivre ! Gisèle Halimi n'y fait qu'un examen absurde de la vie personnelle de Simone de Beauvoir, son icône, et non une analyse du Deuxième Sexe comme elle le prétend. Une approche presque "people" par moment, où elle relate les conflits entre Sartre et sa compagne, jugeant la jalousie de Beauvoir déplacée, son manque de cœur déconcertant... Nan mais on parle de quoi là ?!
Heureusement, tout s'arrange au 4ème chapitre, lorsqu'elle entreprend de faire le point sur sa jeunesse et les causes qui l'ont poussée au féminisme.
Sinon, quelques petits sauts dans le temps assez désagréables, et des passages un peu pompants à grand renfort d'énumérations, de parenthèses abusives,... Tout ce que je déteste. Mais je l'admets, c'est assez perso.
Mis à part ces détails, "Ne vous résignez jamais" vaut le détour. Surtout pour la richesse de ses idées féministes et le point de vue de l'auteur qui, ayant grandi dans une famille tunisienne des années 30, mêle habilement oppression féminine et oppression colonialiste.
De tête, les idées abordées dans cet essai qui m'ont marquées :
_ le combat pour l'IVG
_ celui contre la marchandisation du corps féminin
_ contre l'image de la femme "extériorisée dans la société, et intériorisée dans les mentalité". En gros, la femme tantôt épouse servante, ménagère, poupée gonflable...
_ contre notre société du patriarcat
Et bien d'autres...
Enfin, le livre se clôt sur une note positive puisqu'au lieu de tomber dans le piège traditionnel qui consiste à briffer ses consœurs sur le combat qu'il reste à mener, elle considère que les féministes ont laissé un matériau suffisamment important pour que les futures puissent désigner d'elles-mêmes les nouveaux enjeux. Pas de levée de boucliers donc !
Juste une requête auprès de ses lectrices : celle de ne jamais se résigner.
Et la boucle est bouclée.