L’histoire commence au XVIIème siècle en Finlande alors qu’un soldat se voit remettre une terre en récompense de ses services. Elle se poursuit sur les quatre siècles suivants et nous raconte la vie des habitants de ce coin de Finlande et des descendants de ce premier homme ayant vécu sur la terre de Nevabacka. Avec, en toile de fond, les croyances et superstitions liées à une tourbière qu’on dit enchantée, là où nichent des créatures invisibles, qui peuvent être des alliées ou des ennemies.
Ce roman est un véritable voyage et un pur dépaysement. Par le pays dans lequel il nous fait entrer, par les siècles qu’il nous fait traverser, par les croyances qu’il nous fait partager mais aussi par le choix d’une narration qui met en scène de nombreux personnages, tous liés les uns aux autres et dont les relations vont apparaître petit à petit, se dévoilant au fil du récit et tissant une trame serrée autour d’un lieu unique.
Les destins des différents protagonistes vont ainsi s’enchâsser progressivement et créer un roman choral passionnant dont le lecteur comprend toutes les subtilités au fur et à mesure, retrouvant un personnage ici, une allusion par là et navigant ainsi d’années en années, de naissances en décès, d’arrivées en départs.
Car, qu’ils aient choisi d’y rester ou d’en partir, chacun de ces personnages est attaché à Nevabacka, à une terre rude mais qu’ils apprivoisent et avec laquelle ils apprennent à composer. Et puis il y a cette tourbière et la magie qui en émane et qui amène le lecteur dans un voyage onirique et plein de poésie.
Bien sûr, au gré du temps qui passe, les superstitions liées à cette tourbière s’estompent alors que, ce qu’on appelle le progrès s’installe et que le monde rural s’efface au profit de l’urbanisme. Mais cet endroit enchanté est surtout pour l’auteure le moyen d’engager un formidable plaidoyer pour la nature et sa préservation.
On se laisse totalement entraîner dans ce roman qui possède une atmosphère particulière et capable de nous déconnecter totalement du monde qui nous entoure. Et faut-il parler de la qualité de l’objet en lui-même avec cette sublime couverture et cette illustration si bien choisie ?
Un conseil : faites ce voyage en Finlande.