A sa lecture, j'ai donc découvert avec stupéfaction que K. Dick s'était essayé au roman pour la jeunesse. Ayant très largement dépassé l'age de cette cible, mon jugement s'est certainement égaré dans la sévérité d'une maturité sans recul, sans indulgence.
Nick et le Glimmung est de ce fait une tentative d'explorer une science fiction onirique où la part de cauchemar est ce gamin en perpétuel quête d'un chat qui ne cesse de se sauver et la part de rêve ce bestiaire extraterrestre enfantin, chapeauté par le terrible Glemming, dieu lovecraftien aux ambitions planétaires hégémoniques qui nous ramène au cauchemar.
Quelques éléments intéressants de SF, bien exploités par Dick : l'interdiction d'animaux domestiques sur une Terre surpeuplée car considérés comme des bouches inutiles à nourrir ; l'institutrice qui fait la classe par visioconférence à des centaines d'élèves en même temps ; l'agent anti-animaux qui les traquent sur dénonciation comme on traque les dissidents en pays totalitaire ; la planète du laboureur à la fois hostile et accueillante, figure du renouveau et de l'exil pour les indésirables familles attachées à leur animal de compagnie.
Quelques éléments intéressants de fantastique qui donnent sa couleur au roman : le livre de Glimmung donné par erreur à Nick, capable de s'auto-réécrire et d'annoncer le futur ; les Imprims qui peuvent copier n'importe quoi mais en moindre qualité ; les mange-père, ces plantes qui prennent l'apparence de celui dont elles auront l'objectif de se débarrasser, personnalisées jusqu'à donner un mange-Nick ; la lance de Glimmung, objet magique que l'on devine surpuissant et qui fait du dégât.
Pour conclure, une histoire correctement narrée où un jeune garçon se retrouve au cœur d'une guerre picrocholine entre extraterrestres qui en veulent beaucoup à son chat. Une aventure divertissante qui entraîne son lot d’expériences pour Nick, jusqu'à venir à bout du dangereux Glimmung par une roublardise héroïque, résultat de son innocence et de son inoffensivité.
Samuel d'Halescourt