Si l'imagination dominait...
Cela donnerait Nid de coucou.
Un pitch ?
Norville était un jeune homme qui a assisté à l'enregistrement de la dernière émission de l'Île aux enfants. Oui, celle qui n'a jamais été diffusée parce que Casimir a pété une durite. Non, pas l'acteur, le vrai Casimir, le dinosaure orange. Depuis cet épisode, Norville a découvert que l'histoire du monde n'était pas telle que les savants la racontaient. Avant existait le Gondwanaworld, gigantesque empire-monde dominé par le tyran Casimir depuis sa merveilleuse et postcapitaliste capitale de Jabarladyne. Puis, rongé par l'hypermatérialisme et la manque de fantaisie, ce monde avait provoqué le réveil du Grand Coucou, signant ainsi son arrêt de mort.
Alors Norville, devenu adulte, décide de partir en Antarctique pour déterrer des preuves de l'existence du Gondwanaworld et réveiller à son tour le Grand Coucou afin de mettre un terme à notre monde, qui le rend malade. Mais, piégé en solitaire dans la station de recherche qui l'abrite, il se paye un bad trip devant une télévision qui rediffuse les programmes de son enfance.
Ainsi s'articulent les nouvelles qui constituent ce recueil, oscillant entre l'évocation des mythes personnels de Norville, ses réflexions d'homme seul coincé dans la glace et atteint d'une sorte de fièvre de solitude et les flashbacks du Gondwanaworld. Qu'il s'agisse de narrer les mésaventures de Mr Frog et du coucou qu'il a dans les cheveux, d'un meurtre chez les bonshommes de neige, de la chasse à la Jabule (ne me demandez pas ce que c'est, faites-vous votre propre opinion !), du Crocodile amateur de capitaine Crochet ou de rainettes de pluie, c'est une constellation de référence diverses que Calvo nous balance à la face, sans explications, ni rimes ni raisons, presque une provocation, un « cap/pas cap » qui fait voir le monde autrement. Et qui fait se poser des tas de questions commençant par « et si » en mettant bien plus que Paris en bouteille, en se payant même le luxe d'y répondre de façon subjectivement satisfaisante.
Déroutant, aléatoire, foutrement bien construit et écrit, manifestaire, mélancolique, drôle, atroce, viscéral... Non, je ne conseille pas ce livre à tout le monde. Uniquement à ceux qui sont prêts à abandonner totalement la raison, quel qu'en soit le prix.
10/10 parce que c'est un bouquin dans la catégorie "les trucs qui m'ont fait voir le monde différemment" ainsi que dans le groupe "je ne raconte plus les histoires de la même façon depuis..."