No et moi est un peu à la littérature ce que le macaron est à la gastronomie : une petite chose savoureuse dont on ne fait qu’une bouchée et qui laisse un arrière goût doux et plaisant. Son personnage central, Lou Bertignac, est une adolescente de treize ans surdouée qui collectionne les mots oubliés, mène des expériences domestiques fantaisistes et porte sur la vie un regard déterminé. Elle vit auprès d’une mère fantôme depuis un deuil non résolu, un père qui maintient tant bien que mal l’équilibre de cette famille. Un équilibre qui bascule le jour où Lou rencontre No, à peine plus âgée qu’elle mais déjà des années d’errance. Au fil de leurs rencontres, Lou et No, deux jeunes filles décalées par rapport au monde dans lequel elles évoluent, tissent une toile fragile entre leurs deux univers et s’apprivoisent mutuellement. Pour sauver No, Lou s’embarque dans une expérience dont elle ne mesure pas l’envergure. Je dois le dire, ce roman m’a réconciliée avec Delphine de Vigan dont j’avais découvert l’écriture avec son dernier roman, Rien ne s’oppose à la nuit, qui ne m’avait pas enchantée. No et moi est une histoire toute en finesse qui nous replonge dans notre propre adolescence, dans cette période où l’on croyait que tout était possible et qu’il suffisait de le vouloir très fort pour faire changer les choses. Très facile à lire, il plaira aux adolescents qui y trouveront matière à réflexion sur la différence et l’indifférence, et sur la portée et les limites de l’engagement citoyen.