On a de la chance sur NOFX, c'est qu'ils ont extrêmement bien documenté leur carrière, car sinon je ne sais pas si on aurait beaucoup d'écrits ou de documentaires sur ce groupe culte de Punk rock.
Cette autobiographie permet d'éclairer avec les propres mots des musiciens leur carrière. Le format est intéressant : on a un récit chronologique de tous les protagonistes, mais en alternant les points de vue, y compris avec les musiciens qui ne sont plus dans le groupe. On s'attache donc rapidement à tous les musiciens, et on comprend mieux l'origine du groupe.
On apprend l'agression sexuelle qu'a subi Melvin, qui explique peut être sa volonté de radicalité, la descente aux enfers de Smelly dans l'héroïne, l'arrivée d'El Hefe qui est finalement celui qui permet au groupe de percer et de trouver son équilibre, et le sens des affaires de Fat Mike, même si lui aussi succombe aux excès de ce style de vie.
On y voit donc les débuts, et contrairement à d'autres biographies de groupes connus, NOFX ne marche pas ! On n'est pas comme Nirvana, avec un songwriting ultra efficace, ni sur Led Zeppelin avec une puissante innovation, non. NOFX galère, Fat Mike ne sait pas chanter, ils ont des guitaristes un peu nazes, et les gens ne les apprécient pas, ils ont souvent peu de spectateurs. Ce qui les fait continuer, contrairement aux autres groupes, c'est la vie de troupe, c'est le collectif et les tournées. Fat Mike nous donne un indice : il s'est fait dépuceler grâce au groupe, les autres vont découvrir la fête, la route, et cela va les souder.
Le groupe nous l'explique : après Nirvana et surtout après Smash de The Offspring, le groupe a l'occasion de devenir mainstream, et les majors se rapprochent d'eux, à une époque où l'industrie du disque est florissante. NOFX se paie le luxe de refuser, sous l'impulsion de Fat Mike, qui a monté son propre label et qui persuade ses collègues qu'ils vivraient confortablement sans vendre leur âme punk.
Et c'est dans ce genre d'histoires que NOFX devient attachant : ils sont nuls, mais quand ils arrivent à marcher, ils ne veulent pas perdre le feu sacré, ils font d'abord de la musique pour eux, quitte à parfois être moins bons. C'est aussi une histoire de rédemption, celle de leur batteur Smelly, qui d'après Courtney Love était "le plus gros junkie qu'elle n'ait jamais connue". On voit l'enfer que peut être l'héroïne, et Smelly a une description technique voire journalistique de son addiction, qui fait que l'on comprend mieux l'horreur que cela peut être, et ce qu'ont pu traverser tous les addicts, qui s'en soient sortis ou non.
NOFX finira au panthéon des groupes de punk, car ils sont touchants, et ils ont fini par être les meilleurs dans leur style en l'affinant petit à petit, comme des artisans, et qui ont toujours voulu rester simple dans sa démarche. On espère que Fat Mike, avec sa retraite puisse enfin trouver un meilleur équilibre de vie et décrochera lui aussi de ses addictions.