Irritation et admiration en part égale. Des longueurs, des lenteurs, de longs passages théoriques délivrés par fragments qui ne correspondent que peu au contenu même de l'histoire. Facile, ce procédé qui consiste à les faire rapporter par un personnage aux capacités et à l'intérêt intellectuels limités - cela permet de se cantonner aux métaphores filées les plus superficielles ! Mais fascinante, l'idée de montrer le travail du génie par les yeux de quelqu'un que ce travail n'intéresse pas. Cela dit, Jouve Demeril est certes de la trempe du Seldon des Fondation ou de la lignée des Leto de Dune, mais l'intrigue ne le regarde jamais que de profil, sa théorie n'étant pas au cœur de la narration ni de ses ressorts.
Wul donne l'impression d'enchainer de sympathiques novella - un genre où il est largement plus à l'aise - histoire de nous faire découvrir un monde. Une première partie bien plus trépidante que la seconde - il y a un faux air de Barry Lindon dans la structure du roman - mais on se perd rapidement dans des pages sans intérêt.
Peut-être Noô n'est-il que le témoignage hautement halluciné et au long court d'une perte dans les jungles équatoriales. Récit clinique, rhapsodies d'impressions qui auraient pu être écrite par un dément rationnel, il n'en fait pas pour autant un bon roman - trop d'exotismes, trop de mérilisme empesé, pas assez sur cette race ancienne qui précéda les terriens et joue le rôle de deus ex machina. Sans doute l'auteur voulut-il garder secret certains mystères, pour se concentrer sur l'agitation humaine-trop-humaine (aux détails anatomiques près) de la politique, essentiellement, quoique en la survolant seulement.
Je reste sur ma faim. Peut-être suis-je passé à côté de quelque chose.