Dagon, nouvelle publiée en 1917, portait en elle les germes de l'univers de Lovecraft et du mythe de Cthulhu mais laissait un fort goût d'inabouti. Trois ans plus tard, Nyarlathotep révèle au contraire, dans un format encore plus court (trois pages) la quintessence du monde fantasmagorique et dément de ce maître de la littérature fantastique.
Non seulement le style si spécifique de Lovecraft est déjà présent, mais il a déjà aussi atteint, étonnamment, sa maturité. Toute la structure des œuvres à suivre - annonce de la catastrophe qui est, soit sur le point de se déclencher, soit déjà à l’œuvre, puis retour en arrière sur la montée en puissance du drame - est en place. L'angoisse monte, doucement mais sûrement, dans une ambiance glauque et terrible.
Les récits suivants de Lovecraft tendront donc à développer l'horreur annoncée dans ce texte très court mais intense, nous mettant l'eau à la bouche. En peu de mots, le talent de l'auteur s'est déjà dévoilé à nous. Les nouvelles à venir ne dégageront pas toutes autant de puissance, mais Nyarlathotep est à bien l'oeuvre... Tremblez, Cthulhu arrive !