Le monde est arrivé tant bien que mal en 2224. Mais pour survivre, les humains ont dû s’adapter : préservation des ressources, protection contre le soleil et les canicules, changement radical des habitudes et surtout adhésion pleine et entière au recyclage. Et dans cette dernière catégorie, les femmes sont aux premières loges car, arrivées à leur cinquantième année, elles doivent céder la place à de plus jeunes, capables de procréer pour sauvegarder l’humanité. Il parait que les femmes mises ainsi au rebut se voient offrir une retraite bien méritée dans un lieu paradisiaque. Mais ça, personne n’en a vraiment la preuve. Rachel est arrivée à cet âge critique et doit dire adieu à son mari et à ses enfants. Et pendant ce temps, trois petites filles sont retrouvées mortes alors que les crimes et les meurtres ont normalement été éradiqués de la société.
Ce récit captivant oscille habilement entre roman d’anticipation et polar. Dans ce nouveau monde où les émotions des êtres humains sont gérées par des bracelets, tout est contrôlé dès le plus jeune âge. Les femmes savent à quoi s’attendre, les hommes en ont pris leur partie et on ne se préoccupe pas tellement des conséquences sur la psychologie des enfants qui voient leur mère disparaître pour toujours et être quasiment aussitôt remplacée, en comptant sur l’action des bracelets.
Le lecteur suit en parallèle le récit du retrait de Rachel et de quelques-unes de ses amies et l’enquête que mène son mari, Keen, pour comprendre ce qui est arrivé aux trois fillettes. Et les deux intrigues se mêlent parfaitement et sont aussi passionnantes à suivre l’une que l’autre.
Sophie Loubière maîtrise parfaitement son sujet grâce à des personnages attachants et un travail sur une trame d’anticipation très crédible. Pour cela, elle s’attache à relier les conséquences de la vie en 2224 aux causes déjà connues aujourd’hui.
C’est original, plein d’inventivité et de réflexions pertinentes. Excellent moment de lecture.