On n'est plus des gens normaux est un récit hybride où trois voix se succèdent autour d'un évènement tragique. Le 14 août 2017, un homme a foncé sur la terrasse d'un restaurant. Une jeune fille, Angela, est tuée.
On rencontre d'abord la famille de la victime, confrontée aux douleurs de cette perte. Vient ensuite la voix du journaliste, Justin Morin, qui couvre le point nodal du récit qu'est le procès et qui nous détaille sa méthode, puis les raisons qui le poussent à passer du récit à la fiction. Enfin, on y découvre la sœur du coupable : personnage inventé pour combler les vides du récit et étoffer la réflexion.
Ces trois voix sont reliées par un même drame, et elles nous interrogent sur ce qu'est une famille, et ce que représente la perte d'un proche.
On traverse la première partie comme en apnée tant l'horreur qui s'immisce brutalement dans le quotidien nous stupéfait. Dans la deuxième, on y découvre le style d'un auteur faisant la part belle aux images et aux refuges que l'on se crée pour affronter le réel à travers le long portrait d'un personnage qui pourrait tout à fait devenir l'héroïne de son propre roman.
C'est un livre équilibré et saisissant. L'auteur, avec beaucoup d'humilité me semble-t-il, touche assez juste.