En parallèle de mes lectures contemporaines, je continue mon exploration des classiques de la littérature séculaire. Cette fois-ci, j’ai jeté mon dévolu sur « On ne badine pas avec l’amour », célèbre pièce de théâtre d’Alfred de Musset, nourrie à bien des égards par la relation passionnée et tumultueuse que l’auteur a entretenue avec George Sand, qui venait de rompre, laissant le jeune homme (Alfred de Musset était alors âgé de 24 ans) dans le désarroi le plus total. Nourri par ce chagrin, il fera dire à Perdican – le personnage principal –, à la fin de l’acte II : « Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois ; mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice crée par mon orgueil et mon ennui. »

Il semble donc que les ruptures avaient les mêmes effets au XIXème siècle qu’au XXIème, à savoir miner le moral de celui ou de celle qui la subit ! Mais, comme on finit toujours par se remettre d’une déception sentimentale – bien que l’on soit à chaque fois persuadé du contraire –, si douloureuse soit-elle, cette longue tirade de Perdican à tout de même un épilogue édifiant : oui, il nous arrive de souffrir à cause de l’amour, oui il nous arrive de nous tromper en amour, mais l’essentiel n’est pas là ; l’essentiel est d’aimer, car il n’y a pas de sentiment plus noble et plus enrichissant.

A titre personnel, j’étendrais cette réflexion à l’amitié. Car qu’est-ce que l’amitié, sinon de l’amour sans sexe ?
Cortex69
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Classiques de la littérature française

Créée

le 5 janv. 2015

Critique lue 3.2K fois

10 j'aime

Cédric Moreau

Écrit par

Critique lue 3.2K fois

10

D'autres avis sur On ne badine pas avec l'amour

On ne badine pas avec l'amour
FrenchKat
8

Critique de On ne badine pas avec l'amour par FrenchKat

Je ne mettrais juste une citation qui pourrait à elle seule justifier toute la note : "Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et...

le 25 mars 2011

15 j'aime

On ne badine pas avec l'amour
SUNSELESS
8

L'art du jeu.

Comédie et drame à la fois, On ne badine pas avec l'amour est une des pièces les plus marquantes du romantisme. Cette pièce conte l'histoire d'un baron qui veut marier son fils, Perdican, à sa nièce...

le 22 janv. 2011

12 j'aime

On ne badine pas avec l'amour
Cortex69
9

Critique de On ne badine pas avec l'amour par Cédric Moreau

En parallèle de mes lectures contemporaines, je continue mon exploration des classiques de la littérature séculaire. Cette fois-ci, j’ai jeté mon dévolu sur « On ne badine pas avec l’amour », célèbre...

le 5 janv. 2015

10 j'aime

Du même critique

Vernon Subutex, tome 2
Cortex69
9

Critique de Vernon Subutex, tome 2 par Cédric Moreau

Cinq mois après le tome initial, Virginie Despentes est déjà de retour sur les étals des libraires avec le deuxième volume de Vernon Subutex. On y retrouve les personnages principaux du tome...

le 16 juin 2015

22 j'aime

3

Paris Police
Cortex69
8

Paris sous les bombes

Deuxième création originale Canal+ de cette année 2021, Paris Police 1900 est une série historique qui nous plonge non pas en 1900 comme son titre le laisse croire, mais en 1899, à une époque où,...

le 10 févr. 2021

20 j'aime

Le Grand Monde
Cortex69
9

Le Grand (Le)Maître

Avant même la sortie de son nouveau roman, Pierre Lemaitre a secoué le petit monde littéraire en quittant Albin Michel pour rejoindre Calmann-Lévy. Mais ce « transfert » est somme toute bien...

le 3 févr. 2022

17 j'aime