On ne meurt qu'une fois, Charlotte Corday
Fiche technique
Auteur :
Jean-Denis BredinGenre : EssaiDate de publication (pays d'origine) : Parution France : mars 2006Éditeur :
FayardISBN : 9782213628509Résumé : Qu'avait été Marat sinon un improvisateur solitaire, «un cerveau brûlé, un fou atrabilaire, ou bien sanguinaire, ou bien un scélérat soudoyé», comme ne cessaient de le crier, selon lui, les ennemis de la liberté, c'est-à-dire ses ennemis ? La soif, jamais satisfaite, de châtiment et de sang versé, l'exaltation de la mise à mort qui inspirèrent, dans les mois qui suivirent la mort de Marat, «la grande Terreur», se passèrent aisément du prophète disparu. Ce que Charlotte Corday n'avait pas vu, n'avait pas su, c'est que, tuant Marat, elle ne faisait, obéissant à son devoir, que massacrer un symbole.Mais il nous faut regarder ce qu'elle a voulu, ce qu'elle a rêvé. Sa mission, son devoir ne pouvaient être de sauver la Révolution, ni même de mettre fin aux crimes qu'exaltait Marat. Ils étaient de punir le «monstre», de «venger la France» et les Français. Elle l'avait dit fièrement, lors de son procès, répondant aux questions du président Montané : «Le président - Quels sont les motifs qui ont pu vous déterminer à une action aussi horrible ?L'accusée - Tous ses crimes. C'est lui qui entretient le feu de la guerre civile pour se faire nommer dictateur ou autre chose Je savais qu'il pervertissait la France. J'ai tué un homme pour en sauver cent mille.Le président - Croyez-vous avoir tué tous les Marat ?L'accusée - Celui-ci mort, les autres auront peur peut-être.»Charlotte Corday savait qu'elle n'avait pas assassiné tous les Marat, et elle ne pouvait être assurée que les «autres Marat» auraient peur. Seulement elle pensait avoir accompli son devoir, comme un héros antique. Elle est Judith, et elle a tranché la tête d'Holopherne. Elle a levé sur César le poignard de Brutus. Devant le Tribunal de Dieu, ou celui de l'histoire, ou celui de sa conscience, elle devait être la «meurtrière de la tyran