Option Paradis est le premier tome d’une saga familiale où François Taillandier met sur le grill ascendants et descendants pour analyser des destinées très contradictoires. L’auteur, en choisissant de mettre un cousin et une cousine dans le même lit, ne les observe pas sous le prisme présent de cette unique transgression, mais convoque à nouveau leurs parents, leurs grands-parents, leurs conjoints et leurs enfants. L’occasion pour Nicolas et Louise de partager des moments fondateurs, des ententes innées comme des désaccords profonds,mais aussi des affirmations ou des interrogations sur leurs évolutions respectives où leurs couples ont fini par céder. La présence de photos les fait revenir sur de tristes épisodes comme des mariages arrangés, des destins non choisis et la logique implacable du patriarcat pour leurs ascendants.Cet aspect de l’arbre généalogique ne saurait être complet sans le développement sociologique autour de la notion du Paradis. Il décrit la redéfinition progressive de la société au lendemain de la deuxième guerre mondiale dans laquelle les hommes ont apparemment gagné plus en confort tandis qu’ils perdaient de leurs individualités et de leurs libertés dans une logique de groupe. Taillandier, fort de l’établissement de ce concept « fictif » taille dans le vif et n’épargne pas la position déclinante des campagnes ayant gagné de nouveaux habitants mais perdu ses médecins, leurs identités pour devenir des zones pavillonnaires. Quelque part, François Taillandier oscille entre fracas des révélations et désenchantements humains où la marche du monde continue inexorablement. Tableau peu flatteur mais ô combien réaliste où l’espoir parvient heureusement à se faire une place ( dans l’appréciation de son père pour Nicolas et de leurs moments partagés par exemple). C’est un roman au découpage réfléchi, aux intentions multiples, que vous devez lire comme la proposition d’une vérité sur la famille et la société. Si vous aimez réfléchir sur ces deux sujets, Option Paradis apporte de l’eau à votre moulin. Mais l’œuvre peut être à double tranchant pour des lecteurs non initiés aux dysfonctionnements familiaux et idéalisant certains côtés de la société de consommation. Est on toujours prêt à se faire bousculer en littérature? Pas si sûr.