Orchidéiste, c’est le métier qu’exerce Sylvain pour des clients aisés et exigeants. Passionné, il connait absolument tout de cette plante. Mais c’est une passion dévorante, à laquelle il a beaucoup sacrifié. Et Sylvain aimerait passer la main et transmettre sa boutique, surtout que son dos le fait de plus en plus souffrir et qu’il sent bien qu’il est temps de se reposer.


Vidya Narine est, tout comme son personnage, incollable sur les orchidées. Leur origine, leur développement, leurs formes, leurs couleurs... et aussi sur un marché qui a considérablement évolué avec des fermes géantes capables de contrôler la production. Mais si l’auteure remonte aux origines de la plante, elle remonte aussi aux origines de l’orchidéiste.


Au fil du récit, on en apprend donc beaucoup sur Sylvain. Il est issu d’une famille bourgeoise avec laquelle son père a coupé les ponts car il ne voulait pas reprendre les rênes de l’entreprise familiale. Père qui s’est suicidé lorsque Sylvain était encore enfant. Une mort qui le hante encore de tout ce qu’il n’a pas partagé et vécu avec son père et qui surtout le fait se sentir coupable. C’est sur ce manque et sur cette culpabilité qu’il s’est construit, trouvant sans doute un père de substitution auprès de Yannick qui lui a transmis sa passion et sa boutique de fleurs.


Vidya Narine interroge ainsi notre besoin d’enracinement et le parallèle avec l’orchidée, plante qui ne pousse pas en terre mais sur d’autres plantes est ici intéressant. Mais l’orchidée lui sert aussi à nous poser la question de la surconsommation. Car cette plante, devenue tendance, doit être produite en grande quantité et selon des critères bien spécifiques alors que Sylvain est justement attaché à leur rareté et à leur diversité. Et c’est bien notre société de l’uniformisation qui est ici montrée du doigt.


En entremêlant ainsi toute l’histoire de l’orchidée, de sa découverte à sa surproduction, à celle de Sylvain, l’auteure nous interpelle sur la mondialisation et sur l’environnement tout en nous contant une histoire de deuil, de transmission et d’héritage.


Un premier roman fort réussi porté par une langue pleine de poésie. A découvrir.


Christlbouquine
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le 9 sept. 2023

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