Où roules-tu, petite pomme ?, Leo Perutz, Fayard (traduit par Jean-Claude Capèle)
Georg Vittorin, ancien officier de l’armée autrichienne a été prisonnier en Sibérie pendant plusieurs mois, sous la garde du capitaine Selioukov. Une fois libéré, il décide de se venger de la cruauté de Selioukov. Il se lance à sa recherche et repart en Russie en pleine guerre civile entre bolcheviks et armées blanches.
Roman d’aventures paru en 1928, mais pas de l’aventure pour rigoler, non, Vittorin sera confronté à la guerre civile en Russie, aux crises européennes sur fond de grande guerre à peine terminée. Il sera "aventurier, assassin, héros, charbonnier, joueur, souteneur et vagabond", échappera plusieurs fois à la mort, rencontrera des belligérants des deux camps russes, sera de nouveau prisonnier, s’évadera… Bref, des mois denses, très occupés avec toujours en tête cette idée de vengeance.
Le roman de Leo Perutz est lui aussi dense, le contexte est fort et très présent : le tournant des années 20 n’est pas la période la plus paisible qui soit. Georg Vittorin traverse le monde et l’époque, sans épouser aucune théorie ou bataille, seule la sienne compte. Il est une sorte de témoin impartial, sans véritable personnalité ou avec plusieurs qui s’entrechoquent.
Très enlevé, très vif, ce roman se lit assez vite, la course-poursuite de Vittorin est passionnante et l’on a envie de savoir s’il parvient à retrouver son geôlier. Vittorin est un aventurier malgré lui, un personnage attachant même si l’on ne partage pas son obstination, sa quête. Il traverse tant de périls, rencontre tant de gens qui ne lui veulent pas que du bien, qu’il force si ce n’est l’admiration, au moins le respect.