Emir Kusturica est ce qu'on pourrait appeler un colosse aux pieds d'argile, un roc taillé dans la pierre serbe avec un coeur gros comme ça. Ce n'est pas de cinéma que parle Kusturica dans son livre, ou alors très peu du sien et davantage celui des autres, comme cette anecdote surréaliste concernant Amarcord. Non, Kusturica n'évoque que peu ses films, si ce n'est pour parler de la douleur dans laquelle ils furent fait, historiquement et politiquement : quand il parle de ses Palmes d'or, il sait qu'elles sont politiques, tout comme c'est la politique et la guerre qui ont failli avoir raison d'Arizona Dream.

Dans son livre, Kusturica évoque les personnages de sa vie, sa mère aimante, son père alcoolique et politisé jusqu'à la moëlle, ses premiers amours, son ami Johnny Depp et ses camarades voyous de son enfance. Bien des fois on parcourt les pages comme un scénario de Kustu et on en vient à comprendre comment son univers s'est créé sur base de sa culture, de ses affinités, de ses rencontres plus que sur ses études ou les films qu'il a vu. Fier de son identité qu'il défend chèrement, Kusturica nous livre un récit poétique et politique, vision subjective d'un conflit qui a échappé au reste du monde et a transformé ceux qui l'ont vécu à jamais.

Puissant, lyrique, émouvant, bref du grand Kusturica.
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le 25 mai 2013

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