Ouvrir un recueil de papiers écrits par Hunter S. Thompson, c'est ne pas trop savoir ce que l'on est en train de lire : du journalisme d'investigation par immersion, précurseur ; de la littérature foutraque à la première personne, qui rappelle parfois celle de ses aînés de la beat generation, la naïveté en moins, cynique, brutale, presque du punk avant l'heure ; un style direct, sans fioritures, mais magistral ; une approche trash des sujets traités, un goût pour remuer la merde ; une virée dans la contre-culture US des années 60 et 70 ; l'érudition d'un touche à tout, aux antipodes de la spécialisation d'un journalisme professionnel d'"experts" ; les divagations d'un junkie ; du pamphlet politique. On y trouve tout cela à la fois, et cette diversité même participe de la singularité de l'oeuvre. Hunter S.Thompson peut bien écrire sur tout et n'importe quoi, il fera du Hunter S.Thompson : les sujets sont accessoires, l'oeuvre c'est l'homme, et son style.