Un feel good qui passe mal

Salle comble pour Passeport de Michalik, plein de bons sentiments qui anesthésie complètement le réel devant un public déjà convaincu à la cause.

Ce que je reproche à la pièce, c’est de vouloir parler politique sans prendre aucun risque et en justifiant au final le mythe intégrationniste français.

Vouloir parler de l’horreur des camps en montrant qu’en fait l’amitié et la solidarité du global south entre un érythréen, un indien et un syrien permet de relever toutes les difficultés ! Que tout est facile, rapide, qu’il suffit de travailler et de monter son resto grâce à « l’espoir » shakespearien ! Que l’exploitant restaurateur est un type bien (qui sous paie et bafoue le droit du travail), que le gendarme est un grand naïf qui ne sait rien du camp, l’entretien à l’OFPRA est une belle pièce de théâtre (comme si encore une fois le réel n’existait plus), le banquier un gars arrangeable qui veut aider les migrants… bref tous les oppresseurs responsables sont au final des grands gentils. Le seul moment critique (dans la bouche de Jeanne), est rendu caricatural et agressif face au père cliché militaire et réac. Le pire c’est qu’au final on ne raconte même pas l’histoire d’un migrant, mais bien d’un français…

La question la plus intéressante est peut être celle de l’identité adoptive, qui n’est que touchée du doigt.

Bref, une belle pièce pour bobo qui sort de la salle rempli d’une belle conscience après sa standing ovation !