Voici une relecture d’un livre abordé il y a une dizaine d’années.Je me rends compte que j’ai été beaucoup plus sensible aux descriptions qu’aux faits arrivant au personnage principal,Virgile.Chez Martin Page souvent, l’élégance et la fantaisie de l’homme sensible cachent une profonde détresse.Même si Virgile est un homme décalé, il soigne ses névroses et ses angoisses avec des moyens qui sont les siens.C’est l’apport de cette histoire que de sublimer le parcours d’un homme décalé, ne laissant jamais indifférent, prêtant à une dérision mesurée.Martin Page, en respectant un personnage ( inspiré d’autres vraies personnes ou de lui-même; on est en droit de le supposer) plutôt complexe, nous fait comprendre que rien n’est simple pour une identité sensible,avide de sens et de réponses, parfois décontenancée par un rien.Le livre, beaucoup plus parsemées de narrations que de dialogues, devrait plaire à un lectorat aimant les analyses ou les digressions variées.Ainsi, prenant ce cheminement de Virgile comme une singulière expérience de vie ne valant pas manifeste, vous aurez passé des moments inédits, fantaisistes grâce à la mentalisation d’un narrateur omniscient. Une proposition corsée pour le lecteur cherchant le factuel, le logique enchaînement des événements et que chaque élément du récit rentre dans une case bien précise. En tous cas, Martin Page via Virgile a le mérite de questionner ce monde d’avant la décennie 2010, de l’observer avec une acuité et un sens critique rares, et de nous faire réaliser que notre sort était bien plus enviable qu’aujourd’hui.Ce qui ne peut que nous conforter que notre passé fut riche et que tels des hommes pressés, nous n’en avions pas vraiment pris la mesure.