Erudit,sensible (!) et passionnant

Plaidoyer pour les animaux est un essai d'une grande finesse, très bien documenté, qui ne se contente pas de vous décrire les atrocités que vivent des êtres sensibles , ce qui serait déjà suffisant à mon sens pour nous faire réfléchir, mais explore le sujet tant dans son aspect écologique, juridique, qu'éthique ou philosophique.
Il nous permet de remettre en question des acquis, des affirmations, bien ancrés en nous, par le biais de la culture la religion, les traditions.
La domination humaine n'est-elle pas auto-proclamée?
Qui, à part l'homme, a décidé d'employer le terme "humain" quand il fait le bien (ou croit le faire) et "bestial" quand il fait le mal (ou...)?
Et pourtant, l'animal tue pour survivre, quel homme dans nos sociétés actuelles (hormis les eskimos ou les indiens d'Amazonie) mange de la chair animale pour sa survie ?
Le rapport unilatéral de domination a été instauré par l'homme, a-t-on déjà demandé à une vache ou à un cochon si il voulait être engraissé, mangé, séparé de son petit à peine né (à entendre les meuglements désespérés de la vache, on ne peut douter qu'elle comprend qu'on lui prend son petit), ou à un taureau si il voulait "jouer" à la corrida?
N'y-a-t il pas une forme de dichotomie à savoir qu'un animal est doué de sensibilité, possède des os, de la chair, des nerfs tout comme nous, et refuser de faire le lien avec le morceau de viande ou de poisson dans son assiette?
N'y-a-t il pas une forme de dichotomie à effectuer une classification entre les espèces "mignonnes" et les espèces "mangeables"?
D'autant plus que cette classification varie suivant les pays, les époques ou les cultures...
Pourquoi ce qui se passe dans les élevages industriels et les abattoirs est-il si bien caché, si tout est limpide?
La "désanimalisation" se fait progressivement, subtilement, par des publicités montrant des cochons joyeux devant chez le boucher, par une méconnaissance de la nature par une majorité d'enfants, qui soit ne voit jamais d'animaux autre que les animaux de compagnie (espèces "mignonnes") soit ne fait plus le lien avec le steak ou le poisson panné qu'ils ont dans leur assiette.
Pourtant un cochon n'est pas une machine, "une usine à saucisse"!
Et que dire de la déshumanisation des salariés de ces lieux de mort?
Pour reprendre une ligne forte de cet ouvrage passionnant, on ne protège pas un être sensible pour la seule raison qu'il est conscient de ses droits (les animaux ne viendront pas se révolter, quoi que, si l'on en croit George Orwell...), mais parce qu'il est inadmissible d'agir autrement, animal ou humain.
La légende urbaine voudrait que les végétariens soient carencés: je vais bien, merci !