Plus tard, je serai moi par chatlena
Une fois de plus Martin Page écrit le livre que l’on aurait rêvé de lire à l’adolescence, celui qui aurait accompagné nos doutes, nos rêves, nos illusions. Ce livre-là se focalise sur plusieurs problématiques, dont l’une peu abordée encore en littérature adolescente : celle du rapport parents-enfants dans une société où « [les parents] subissent une pression sociale très forte pour faire de leur enfant l’être le plus doué et le plus charmant qui soit. Ils tentent de ne pas commettre les erreurs de leurs parents, et pour cette raison, en font d’autres. Dans ces conditions, il ne peuvent que mal se débrouiller ».
L’auteur part d’une situation classique, Séléna, jeune fille sensible donc en questionnement, tente de vivre discrètement, dans le monde étrange et rude de l’adolescence. Cependant, les choses se corsent lorsque les parents commencent à projeter en leur fille unique leur désir de faire d’elle une artiste, de la faire DEVENIR ce qu’ils pensent qu’elle porte en elle. Mais qu’est–ce que grandir si ce n’est trouver par soi-même son originalité ? Séléna, habituellement dans une démarche de contentement vis à vis de ses parents, va réaliser que le vrai travail, le métier d’une vie est d’être soi.
Le tour de force de ce texte, qui parlera a beaucoup de cette nouvelle génération d’enfants uniques ou d’enfants-rois, est de se mettre à la place de l’enfant, centre de toutes les attentions, l’enfant choyé, celui dans lequel les parents projettent leurs ambitions de vie. Quelle autonomie, quelle marge de manœuvre reste-t-il à l’enfant face à ces comportements parentaux de protection, ici poussés à l’extrême ? Comment, en tant qu’enfant, qu’adolescent, peut-on être soi face à la projection parentale ?
La démarche poussive des adultes va encourager Séléna, non à devenir l’artiste qu’ils voient en elle, mais à a se concentrer sur l’essentiel, être soi et s’ouvrir aux autres.
On retrouve dans ce court texte la patte de Martin Page, ce moment de l'écriture où le réel flirt avec le rêve éveillé, le débordement. Un roman limpide et touchant, Un livre à conseiller sans modération !