Le poète qui est loin, et qui regarde le monde.

Ce n'est pas toujours évident de lire de la poésie traduite, mais ne parlant pas allemand, je ne sais pas à quel point ce recueil est fidèle ou non au style de l'auteur.
En vérité, j'ai découvert Bertolt Brecht avec ce livre, et j'ai beaucoup apprécié son écriture. Les traducteurs ont choisi de mettre l'accent sur le sens du texte plus que sur la forme, oubliant les rimes pour trouver les mots les plus justes. Encore une fois, je ne sais pas si la retranscription est juste, mais ça reste vraiment bien écrit. On ne trouve ici que les versions françaises des textes, mais les poèmes tels qu'ils sont pourraient très bien passer pour écrits en français par un poète francophone. Il faut voir la liste des traducteurs, aussi...

À tous niveaux, on a donc de très beau poèmes.
Qui gagnent souvent à être replacés dans la période à laquelle ils ont été écrits, et c'est d'ailleurs dommage de ne pas avoir la date de chaque texte, même s'ils paraissent classés par ordre chronologique.

C'est un beau regard, tellement lucide, sur son époque et l'après-guerre. Bertolt Brecht sait parler de la mort des peuples, de la politique et de la fin du monde, mais il arrive aussi à nous arrêter pour nous raconter l'histoire d'un jardin. On alterne sur les sujets, mais c'est quand même beaucoup d'actualité. Bertolt Brecht a aussi ce pouvoir de développer à partir de peu de choses, et de nous entraîner dans une histoire avec détails et tout le tralala.
Ça sonne parfois sur un ton un peu glaçant, et l'ensemble est très mélancolique, mais c'est surtout très vrai.