Poison, comme il est facile de le deviner, est une réécriture du cultissime conte Blanche Neige. Le scénario demeure plus ou moins le même : une marâtre aussi belle que cruelle tente par tous les moyens de tuer sa belle-fille aimée de tous car elle est plus jeune, plus jolie et plus gentille (précisons que je résume là TRÈS grossièrement l’intrigue).
J’avais de gros a priori quand j’ai commencé la lecture de ce livre mais j’ai été agréablement surprise de constater que l’adaptation avait été faite à partir du texte des Grimm et non pas en fonction du dessin animé de Walt Disney. De ce fait, on dénombre bien trois tentatives de meurtre à l’encontre de Blanche-Neige : le corset qui manque de l’étouffer, le peigne empoisonné et la célèbre pomme. Il n’y pas non plus de baiser d’amour, c’est bien un accident pendant le transport du cercueil qui décoince le morceau de fruit de sa gorge et fait se réveiller la jeune fille. On pourrait énumérer d’autres points communs entre les deux textes mais je vous laisse le plaisir de les découvrir si ce n’est pas déjà fait.
Poison est donc étonnement fidèle à l’histoire qui l’a inspiré. Mais à la différence du conte originel, le roman se plaît à multiplier les points de vue : la reine, le chasseur, le prince et d’autres se voient alors dotés d’une psychologie plus développée que dans le texte des frères Grimm[2]. Ce procédé donne plus de substance aux personnages. On connaît alors le véritable dessein de la reine maléfique, on comprend pourquoi le chasseur épargne la belle, on en apprend plus sur l’attachement que portent les nains à la princesse … L’élaboration du roman reste assez subtile car elle respecte les évènements du conte, retransmet plutôt cette ambiance éthérée propre au Blanche-Neige de 1812, tout en comblant les ellipses de ce dernier. C’est une réécriture de la même histoire mais pour un public peut-être plus âgé, les scènes de sexe crues sont légion et l’auteur insiste sur la noirceur et les ténèbres dans lesquelles est embourbée la reine, personnage aussi glaçant
qu’attachant.
On y retrouve une pratique à la mode et qui fonctionne souvent très bien : le mélange des contes. On considère alors que chaque conte de fées n’est pas un vase clos mais se déroule dans le même monde que les autres. Ici on peut alors croiser un Aladin psychopathe, une chaussure de Cendrillon ou encore la sorcière gloutonne d’Hansel et Gretel. Cet univers élargi annonce et prépare les deux tomes suivant : Charme et Beauté (dont les couvertures sont tout aussi sublimes).
La lecture est agréable en dépit d’un style d’écriture on nepeut plus banal, mais je craignais de m’ennuyer, connaissant déjà sur le bout des doigts ce conte de mon enfance. Que nenni ! La fin, en présentant ce qu’il advient après le mariage de la belle, nous réserve une surprise qui réveille les dernières pages.
Sans être le roman de l’année, ce joli petit livre a le mérite d’exister et modernise indéniablement le fameux conte que nous connaissons toutes en le rendant plus sensuel, plus fouillé et en donnant plus de personnalité aux protagonistes.
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