//INTRODUCTION GÉNÉRALE//
H.P Lovecraft a durablement forgé un imaginaire ayant inspiré pléthores d'artistes. Pourtant, qui aurait pu penser qu'un jeune garçon solitaire et taciturne de Providence deviendrait un jour une référence de la littérature fantastique et fondateur principal du genre de l'horreur cosmique ? Si il aura fallu attendre plusieurs années après sa mort que ses récits deviennent iconiques (on ne remerciera jamais assez le Lovecraft Club, Jacques Papy, August Derleth...), le mythe de Cthulhu est désormais devenue son œuvre phare, celle que tout le monde retient et retiendra.
Pourtant, passé le cap de la demeure engloutie de R'lyeh, il existe des abîmes insondables que Lovecraft a exploré mais que peu de gens connaissent... des cavernes stygiennes, des cités sorties de nos cauchemars, des créatures inconnues de notre réalité...
Si le Cycle du Rêve apparaît rapidement comme le moins connu des travaux de Lovecraft, il n'en reste pourtant pas moins d'une importance clé si l'on désire réellement comprendre ce qui fait la plume si spécifique de l'auteur. Inspiré par ses maîtres que furent Arthur Machen et surtout Lord Dunsany, dont certaines nouvelles du Cycle sont de véritables hommages non dissimulés, il réalisera donc une série de nouvelles et un roman gravitant autour d'un univers propre, menacé lui aussi par de terrifiantes entités mais emprunt d'une sensation onirique dans chaque écrits. Sa création s'étirant de 1918 à 1932, il offre un vaste regard sur le parcours littéraire de l'auteur et compte bon nombre de ses plus belles nouvelles.
Polaris, deuxième nouvelle du Cycle du Rêve écrite en 1918 :
Et pendant que je me tords dans les affres de la culpabilité (...), l'Etoile polaire, diabolique et monstrueuse, darde de la voûte ténébreuse ses rayons cendrés et froids, clignant hideusement comme un oeil fou qui essaie de transmettre un message, mais qui a tout oublié, excepté qu'il avait un message à transmettre.
Décidément, la fascination de Lovecraft pour les cités imaginaires n'existant dans la tête que d'hommes complètement fous est sans limite.
Ici, l'étoile Polaire devient une sorte de clé ouvrant l'esprit vers des contrées millénaires, tentant de transmettre un message dans l'esprit d'un pauvre homme via ses rêves.
Lovecraft narre, avec Polaris, une énième quête désespérée, couplée à une peur primaire pour les astres.