À qui s’adresse Pornocratie ? Car tout en étant conscient du poids qu’exerce l’homme sur la femme au point de rabaisser son sexe au rang d’objet impur, on ne comprend jamais où tant d’excès et de caricatures sont censés nous conduire. Le « récit » – ainsi est-il défini sur la première de couverture – s’avère la plupart du temps illisible non par une opacité lexicale ou sémantique quelconque mais tout simplement parce qu’il n’y a aucune construction : les phrases enchaînent les démonstrations vaseuses et s’enchaînent sans narration, sans littérarité. Le paradoxe d’un faux style à l’apparence déshumanisée c’est justement d’empêcher la lecture de la fluidité des actions et de l’abandon des corps. Chaque ligne sonne comme l’illustration crue d’une thèse creuse là où une description apparemment impersonnelle et neutre à la manière, par exemple, de Madame Bovary ou Dans le jardin de l'ogre aurait accentué la détresse de la protagoniste principale tout en renforçant la fatalité sexuelle. L’auteure cherche à tout prix à faire naître la révolte dans le cœur et dans l’esprit du lecteur. Il n’en est rien. Les moyens mis en œuvre sont trop lourds, les coutures trop visibles, le propos frôle l’injure. Heurté par l’insulte qui ferait de moi un barbare, un guerrier qui ne cherche dans la femme que sa mise à mort (car homme je suis), je répondrais à Catherine Breillat par cette simple phrase : vous faites erreur. Les fantasmes et pulsions de mort ici présents ne sont que vôtres, et la naïveté affrontée avec laquelle vous les mettez en scène devrait conduire à la création d’un masculinisme en réponse à ce féminisme exacerbé et bête dont vous faites preuve. Rien n’est chair ici car rien ne prend vie.