La rébellion, face à l'extraordinaire médiocrité et mesquinerie de la présente société humaine et telle qu'elle s'est construite sous la pression croissante de la domination et de l'idéologie capitaliste au cours des derniers siècles, a accompagné David Graeber toute sa vie. Elle est intrinsèque à l'ensemble de sa démarche. L'ensemble de ses recherches anthropologiques ont eu pour but de mettre en lumière toutes les possibilités et formes d'organisation sociale fondamentalement différentes qui se sont offertes à travers l'histoire humaine. Ces recherches se recoupent avec beaucoup d'autres pour démontrer que le capitalisme n'a jamais été une fatalité, que sa démarche totalisante a toujours provoqué de nombreuses résistances et en toutes les époques. Ce n'est nullement par sa logique que le capitalisme s'est imposé, et encore moins par son humanité, évidement. C'est par la force et la brutalité et grâce précisément à l'accumulation du capital extrait d'une violence permanente exercée à l'encontre de la nature et de l'humanité qu'il s'est établi jusqu'au stade de son totalitarisme contemporain. Certains, par paresse ou par lâcheté, trouvent plus commode de tenter de s'y acclimater, de l'oublier ou de faire comme si l'on devait s'en satisfaire. D'autres, comme Graeber, ne pourront jamais s'y résoudre et feront de leur vie un combat permanent contre cet ordre des choses. J'ose penser pour ma part qu'ils sont le sel de la Terre.