Fragments

C'est loin d'être mon recueil préféré de Guillevic. Comme dans les autres que j'ai lus, son écriture est très belle et il y a quelques passages assez marquants, mais étrangement pas de poèmes dans leur intégralité (cela dit, il n'y en a en tout qu'une dizaine : le livre n'est pas très gros et ils sont assez longs). Je le trouve donc un peu en-dessous, même si j'aime beaucoup Guillevic et qu'on retrouve son style dans l'écriture, la fragmentation des phrases ou même dans l'importance laissée aux vides dans la page.

Les mots, les thèmes sont très familiers, parfois un peu trop. Parfois on a un peu une impression de lire des phrases que l'on a déjà lues ou entendues. À côté de ça, il y a l'imaginaire, l'association de phrases et de questions un peu décousue qui nous fait nous demander ce qu'il pouvait bien y avoir dans sa tête. Par moments, c'est vrai que Guillevic se pose de sacré questions.

Les poèmes sont assez longs et éparpillés, souvent difficiles à suivre du début à la fin. La narration au sein des poèmes est parfois un peu hachée, et donne l'impression d'une réunion de très courts poèmes au sein d'une thématique plus que d'un seul et même texte. Le fait d'avoir autant de sauts de pages n'y est sans doute pas pour rien. D'habitude j'ai plutôt l'impression d'une respiration, mais ici ça sonne un peu comme une séparation.

Possible que, comme il s'agit de l'un de ses derniers ouvrages, il ait voulu s'attaquer à plus vaste, ou s'éloigner de la narration linéaire ? Contrairement à d'autres poèmes et livres, on a moins l'impression qu'il s'attarde sur des détails, pense à quelque chose et le regarde sous tous les angles, cherche à nous parler de tout un décor, de tout un univers. Ici on a des éléments qui se raccordent plus ou moins.
Ou peut-être est-ce au lecteur de faire son travail, d'imaginer les mots et de tisser lui-même les liens ? Un livre sur lequel il faudrait sûrement revenir, pour chercher les histoires à nouveau...