Régine Pernoud est passionnante, et sa plume n'a pas pris une ride !
Elle est avant-gardiste, piquante, débroussailleuse, combattive, une vraie guerrière avec une sagesse lumineuse qui fera rougir plus d'une féministe, et plus d'un professeur classique.
On sent à travers ses anecdotes toutes les réticences dans les années 70 (et qui demeurent encore) à donner du crédit au 1000 ans entre l'Antiquité et la Renaissance.
Je fais donc écho à sa proposition de redécouper cette période :
- du Ve au VIIe siècle : la période franque (ou le "Haut Moyen Âge")
- du VIIIe au IXe siècle : la période impériale (l'Unité de l'Europe sous la lignée carolingienne)
- du Xe au XIIIe siècle : l'Âge féodal (apogée du temps des cathédrales et des universités)
- du XIVe au XVe siècle : le Moyen Âge à proprement parlé (transition entre féodalité et monarchie, entre Peste Noire et famines, alliées au changement climatique)
Il est probable que les générations qui viennent s'étonneront que l'on ait pu si longtemps mettre ainsi l'exclusive contre toute une période de notre passé, celle précisément qui a laissé d'elle-même les traces les plus convaincantes. Ne serait-il pas temps d'en finir avec cette incuriosité systématique et d'admettre qu'on peut étudier dans le champ des sciences humaines, sans mépris ni complexe, ces mille années de notre histoire qui furent tout autre chose qu'un moyen terme ? (P143)
L'Histoire est vie, précisément pace qu'elle comporte un donné, quelque chose qui préexiste à nos concepts, à nos préjugés, à nos systèmes : la pièce de monnaie portant telle effigie et trouvée à tel emplacement déterminé ; les conclusions qu'on en tirera peuvent être erronées ; mais le fait, la pièce de monnaie indiquant telle date, trouvée à telle place, ne dépend pas de nous ; nous devons l'accepter, comme nous devons accepter que tel manuscrit ait été composé à telle date et sur l'ordre de tel personnage, - sous réserve que l'arsenal de la critique ait été correctement mis en branle pour l'établir. (P148)
L'Histoire est une ascèse héroïque. (P148)
Ce qui est fécond dans la recherche historique, c'est l'obstacle, ou plutôt ces obstacles perpétuellement rencontrés, qui s'opposent à nos préjugés et nous conduisent à modifier nos partis pris. (P149)
En négligeant la formation au sens historique, en oubliant que l'Histoire est la Mémoire des peuples, l'enseignement forme des amnésiques. (P153)