Après ma vision de Pierrot le Fou, j’ai bien évidemment fait quelques recherches sur le film, j’avais au fond de moi l’envie de prolonger un petit peu plus ce moment passé avec l’œuvre de Godard, avant de continuer ma route vers de nouveaux horizons – même si je reviendrai à Godard, à un moment ou un autre. Et donc j’ai appris l’existence de ce petit article de défense du réalisateur écrit par Aragon, que je me suis empressé de trouver, puis de lire.
Avoir le point de vue d’Aragon sur un film de Godard n’a pas de prix, d’autant plus qu’il développe de nombreux points intéressants sur l’art. Aragon parle de peinture, de littérature, de cinéma enfin. Il parle d’art, mais aussi de la vie. Il se moque gentiment de tous ces critiques totalement à côté de la plaque, évoque un Godard en Delacroix moderne, tandis que lui serait plutôt un Baudelaire défendant le peintre (ou le réalisateur, je ne sais plus). «Ayant eu le bonheur de vous plaire, je me console de leurs réprimandes». En voilà, une belle phrase…!
Bref, ce petit texte est passionnant. Grâce à Monsieur Aragon, j’ai découvert bon nombre de beaux tableaux, et pour cela je l’en remercie. Il est par contre un peu triste de constater que les «critiques» adressées contre Godard n’ont toujours pas évolué, en plus de cinquante ans : on le traite toujours de prétentieux, de pseudo-intellectuel… «Il y a une chose dont je suis sûr […] c'est que l'art d'aujourd'hui c'est Jean-Luc Godard. C'est peut-être pourquoi ses films […] soulèvent l'injure et le mépris, et l'on se permet avec eux ce qu'on oserait jamais dire d'une production commerciale courante, on se permet avec leur auteur les mots qui dépassent la critique, on s'en prend à l'homme». Et oui, il est plus facile de s’attaquer à l’homme plutôt que de critiquer intelligemment son œuvre.
Thucydide avait raison ; si les temps changent, l’Homme, lui, reste au fond le même. L’Histoire de l’humanité n’est qu’une tragédie cyclique.