Avec ce court essai (environ 130 pages), Maurice Bardèche entreprend l’étude de ce qui constitue l’essence du fascisme. Il va notamment, pour cela, comparer des cas concrets (le cas italien, le cas allemand, l’Egypte de Nasser, le pouvoir de Fidel Castro). Il en tirera, avec un style lyrique, orné d’images, un certain nombre de caractéristiques : « Une direction ferme et stable de la nation, la primauté de l’intérêt national sur les intérêts privés, la nécessité d’une discipline loyalement acceptée par le pays, sont les véritables bases politiques du fascisme » (p125).
L’auteur, tirant sa force de non-conformisme, réussit la remise en cause des traits, forcément néfastes, traditionnellement attribués au fascisme, renversant ainsi l’essentiel de la rhétorique ploutocrate d’après guerre : « Le parti unique, les méthodes policières, le césarisme publicitaire, la présence même d’un fürher ne sont pas nécessairement des attributs du fascisme : et encore bien moins l’orientation réactionnaire des alliances politiques » (pp 124-125)
L’évocation de régimes concrets élargi le champ de réflexion de l’auteur. Parmi les points traités par lui, j’en retiendrai plus particulièrement deux.
D’abord, partant du cas allemand, il réfute le racisme comme inévitable caractéristique du fascisme. Leurs théories biologistes, en plaçant le peuple allemand au-dessus des autres, contribua à l’isoler du reste du monde : c’était, à terme, entrer en conflit avec le monde.
En réalité, toutes les nations recèlent une potentialité fascisante. Le fascisme, et c’est en partie pour cela (deuxième point), que le régime de Fidel Castro s’en distingue, repose sur l’exaltation d’un mythe national supposé encourager l’assimilation des valeurs fascistes : respect de la parole donnée, mépris du mensonge, courage, bienveillante protection des faibles,…
Un régime fasciste n’érige par ailleurs pas la guerre, la conquête, l’impérialisme en inévitable fin. Bâtir une société nouvelle, source de fierté, et de dignité, pour chacun, n’est-ce pas déjà une tache suffisamment ambitieuse, prométhéenne ? Au fond, si l’on s’inspire de ce que dit Bardèche, ce qui pourrait le mieux définir le fascisme, ce serait cet espoir par une Nation d’un autre avenir, tiré de son histoire, de son essence, de son âme.