Fiche technique

Titre original : Das Mädchen, mit dem die Kinder nicht verkehren durften

Auteur :

Irmgard Keun
Genre : RomanDate de publication (Allemagne) : 1936Langue d'origine : Allemand

Éditeur :

Agone

Résumé : Depuis quelque temps, un prisonnier qui appartient aux Allemands travaille au champ. On m'a dit d'aller lui apporter du café parce que lui aussi, c'est un être humain. Au début j'ai eu peur, parce que le prisonnier est un ennemi. Mais il était tranquillement assis sur une pierre, les mains sur sa pelle, ses yeux étaient fatigués et silencieux, rien ne riait, son menton était gris, tout était triste. J'étais là avec mon café, le ciel était grand et bleu et le champ brun sans fin. Pas un oiseau ne volait. La casquette du prisonnier était posée par terre, ses cheveux étaient comme de l'herbe fanée et s'agitaient dans le vent. Il voulait rentrer chez lui, sûrement. Il vient d'un autre pays. Les autres pays sont loin d'ici, je ne les ai pas encore vus à l'école mais mon père me l'a dit. Si au moins je pouvais parler avec le prisonnier. J'ai cherché dans les mots étrangers que je connais, il y en a quelques-uns. J'ai dit : « Sésame, ouvre-toi, Abdullah, vodka, Oh là là mademoiselle, État libre du Libéria. » Le prisonnier m'a regardée sans rien répondre, mais il m'a fait un signe, et il a bu son café. En Allemagne à la fin de la première guerre mondiale, une petite fille de 11 ans pousse son père à lancer une bombe à eau sur la voisine autoritaire et moralisatrice, écrit à l'empereur qu'il ferait mieux d'abdiquer parce qu'il n'a visiblement rien compris à son peuple, évite à un soldat de retourner au front en lui faisant attraper la scarlatine... et s'offusque qu'en plus d'être bornés et ennuyeux, les petits bourgeois réactionnaires qui l'entourent cherchent encore à la punir. Avec une absence totale de sens de la nuance et une confiance en soi qui n'a été altérée par aucun compromis, cette jeune narratrice offre à Irmgard Keun l'occasion de saper efficacement les bases idéologiques de l'Allemagne nazie dont elle s'est exilée, et de présenter l'humanisme et le pacifisme comme des convictions évidentes, relevant du simple bon sens.