Quand un Roi perd la France par caiuspupus

A tous ceux qui ont adoré les Rois Maudits, et lisent les critiques négatives sur ce roman, paru longtemps après le tome 6, et dont la structure narrative est différente des tomes précédents (le narrateur est un cardinal) : ce roman est excellent, et toujours dans l'esprit de la série, et la narration à la première personne apporte encore plus de réalisme et de fantaisie. C'est que le cardinal Helie de Perigord est un sacré bavard, et qu'il a une opinion sur tout, ainsi qu'une analyse pointue de la situation politique de son époque, étant donné qu'il y joue un rôle majeur, tentant sans relâche de pacifier l'occident (pour enflammer l'Orient, au passage...). On comprend bien comment la France, royaume le plus puissant d'Europe, a pu sombrer aux débuts de la guerre de Cent ans face à l'Angleterre, menée par Edouard II et son fils le Prince Noir. La faute au roi Jean II, le roi "des contretemps", qui n'a jamais pu gagner une bataille, la faute à des mauvais choix, bien souvent ridicules.
Au delà de l'aspect purement historique, Maurice Druon nous parle de l'importance d'avoir un chef d'Etat fort, qui a une vision à long terme et qui pense au bien de son pays (Edouard II était de ceux-là, tout comme Philippe le Bel), plutôt qu'un roi colérique, soufflant le chaud et le froid, tirant à gauche et à droite, et qui a la vue courte et la susceptibilité à fleur de peau (Jean II, Philippe de Valois...). Le parallèle est d'ailleurs évident avec la période contemporaine (De Gaulle contre Pétain), car il ne faut pas oublier que Druon a été résistant pendant le 2nde guerre mondiale.
Ce tome marque donc la fin d'une série exceptionnelle, passionnante et d'une rare intensité. Un seul regret, que Druon n'ait pas continué encore et encore à nous faire partager sa vision de l'Histoire de France...