Quitter le monde par LioDeBerjeucue
Ce qui m'a frappée, dans ce récit, outre le fait qu'on est horrifié par la succession d’événements scabreux que l'auteur inflige à son héroïne, c'est qu'on a là le parfait petit manuel de la disparition sociale.
J'avais déjà remarqué ça dans un précédent bouquin de Douglas Kennedy où il était question d'un mec qui fait croire à sa propre mort après avoir assassiné l'amant de sa femme, très mal adapté au cinéma avec Romain Duris, il me semble, mais c'était moins abouti, puisqu'il se fait chopper bêtement à cause d'un négatif de photo, si mes souvenirs sont exacts.
Jane est plutôt efficace dans sa volonté de "quitter le monde", mais toutes les clés de sa réussite nous sont données dès le premier chapitre, donc on n'est pas très étonné.
Ensuite, deuxième étonnement, l'auteur parvient à nous faire apprécier des personnages plutôt antipathiques, c'est un tour de force dont je croyais seul John Irving capable. D'ailleurs Jane m'a rappelé l'héroïne d'"une veuve de papier", de part son coté control freak désabusée.
Autre rappel familier mais plutôt désagréable, la Jane de l'éponyme "Le problème avec Jane" qui évolue dans les mêmes milieux universitaires américains où décidément, il ne fait pas bon faire carrière, si on en croit de nombreux romanciers (je n'ai pas aimé ce roman, même si j'ai été fascinée par sa construction et par l'habileté de Catherine Cusset à parvenir à nous passionner pour la vie mortellement ennuyeuse de Jane : on veut absolument savoir qui est le mystérieux auteur du livre qu'elle reçoit sur son pallier).
Même si j'ai été happée (au point d'être agacée par la moindre interruption de ma lecture) par l'ensemble du roman, la cinquième partie, où Jane part à la poursuite d'un serial killer (dont l'identité est cousue de fil blanc, au passage) pour obtenir une nécessaire rédemption et se reconstruire m'a profondément ennuyée.